L'ONU a dénoncé des "actes d'atrocité" commis depuis le début de la crise politique en Côte d'Ivoire, tandis que l'organisation régionale ouest-africaine (CEDEAO), en sommet vendredi à Abuja, tentera de trouver une issue à l'impasse née du scrutin présidentiel du 28 novembre remporté par l'opposant Alassane Ouattara. Dans une résolution adoptée jeudi par les 47 pays membres, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a vivement dénoncé "les atrocités et les violations des droits de l'homme commises en Côte d'Ivoire" au lendemain de la dernière présidentielle. Cette résolution n'a été approuvée qu'après d'âpres négociations entre les 47 membres du Conseil, réunis en session spéciale consacrée à la crise ivoirienne, à la demande du Nigeria (président de la CEDEAO) et des Etats-Unis. Selon le Conseil, "des cas d'enlèvements, de disparitions forcées, de détentions arbitraires, d'exécutions sommaires, interdiction des réunions pacifiques, assassinats et destructions de propriétés" ont été signalés en Côte d'Ivoire depuis le début du bras de fer politique entre le président sortant Laurent Gbagbo et le président élu Ouattara. L'institution des droits de l'homme onusienne s'est engagée dans sa résolution de jeudi à "prendre toutes les mesures appropriées si la situation des droits de l'homme sur le terrain "se dégrade" dans ce pays, suspendu par l'Union africaine (UA) et la Cédéao en tant que pays membre. Jeudi, la Haute commissaire adjointe aux droits de l'homme de l'ONU, Kyung-Wha Kang, a fait état de 173 meurtres, 90 cas de tortures et mauvais traitements, 471 arrestations, 24 cas de disparitions forcées ou involontaires, signalés par des enquêteurs onusiens sur place. Tous ces actes ont été commis entre le 16 et le 21 décembre, a précisé Mme Kyung-Wha Kangla. Cette situation à laquelle est confrontée la Côte d'Ivoire risque de s'aggraver davantage du fait de la haute tension sévissant encore entre les camps des deux "présidents proclamés", Gbagbo qui refuse de quitter le pouvoir et Ouattara appelant à la l'usage de la force pour déloger son rival de la présidence du pays. Ces développements sont vendredi au centre d'un sommet extraordinaire de la CEDEAO réunie à Abuja pour justement pour tenter d'explorer toutes les pistes capables de mener à une solution rapide à la crise post-électorale ivoirienne. Les dirigeants des pays membres de cette organisation régionale ouest-africaine envisagent toutes les possibilités, et même celle d'intervenir militairement afin de mettre fin à la crise ivoirienne qui risque de s'installer dans la durée. Depuis plus de trois semaines, un climat d'insécurité plane sur la Côte d'Ivoire, où plus de 4.410 personnes ont déjà fui un risque majeur de violences pour se réfugier dans des pays voisins, selon le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR). Ce bilan pourrait grimper à plus de "5.000", a prévenu récemment une porte-parole du HCR, Melissa Flemming. Ainsi, l'impasse demeure totale en Côte d'Ivoire qui s'est retrouvée au lendemain du scrutin du 28 novembre avec deux "présidents rivaux et deux gouvernements différents", en course vers le contrôle de l'armée, de l'administration et des finances publiques en vue de s'assurer le pouvoir. Préoccupée par cette "situation délicate", la communauté internationale qui soutient Ouattara continue de presser le chef de l'Etat sortant Gbagbo pour qu'il rende le pouvoir au "président démocratiquement élu" par le peuple ivoirien. Mais, Gbagbo campe sur la même position en dépit de pressions et sanctions internationales, en réaffirmant qu'il était "président légitime" du pays. Le dernier scrutin présidentiel ivoirien a été remporté par Ouattara avec 54,01% des voix, selon des résultats proclamés par la Commission électorale indépendante mais le Conseil constitutionnel, acquis à Gbagbo, a invalidé ces résultats certifiés par l'ONU et proclamé la victoire du sortant.