Le Conseil de sécurité de l'ONU a annoncé son soutien à Alassane Ouattara comme président légitime de la Côte d'Ivoire, en rude concurrence avec le sortant Laurent Gbagbo, pour le contrôle de l'administration et des finances publiques afin de s'assurer le pouvoir. Après d'âpres débats marqués mardi par la réticence de la Russie, les quinze pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont adopté mercredi une déclaration annonçant leur soutien au président élu ivoirien M. Ouattara, concurrent du président sortant Gbagbo qui se revendique "vainqueur" de l'élection présidentielle du 28 novembre dernier. Dans leur déclaration, les pays membres du Conseil onusien ont condamné avec fermeté tout effort de "renverser la volonté du peuple", un avertissement clair à l'égard de Gbagbo, en course au pouvoir avec son rival Ouattara pour le contrôle de l'administration et des finances publiques du pays dans un contexte de crise aigüe. Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé toutes "les parties concernées à respecter les résultats du scrutin présidentiel en Côte d'Ivoire" au vu de la reconnaissance par l'organisation régionale ouest-africaine (CEDEAO) des résultats annoncés par la commission électorale ivoirienne (CEI) et qui donnent Ouattara en tête avec 54,1%. Il a aussi salué l'Union africaine (UA) et la CEDEAO pour les efforts consentis dans l'espoir de préserver la paix en Côte d'Ivoire, menaçant de sanctions le président sortant (Gbagbo), au pouvoir depuis dix ans. Les pays membres du Conseil de l'ONU ont adopté leur déclaration de soutien à Ouattara, bloquée mardi par la Russie qui estimait que le Conseil onusien outrepassait son mandat en déclarant Ouattara vainqueur de l'élection ivoirienne. Dans un communiqué publié mercredi, le président de l'UA, le chef de l'Etat Malawite Bingu Wa Mutharika a, lui aussi, appelé le président sortant en Côte d'Ivoire à "se retirer pour éviter des violences meurtrières en Afrique", et à "respecter la volonté du peuple exprimée par les urnes". A son tour, la CEDEAO a décidé de suspendre la Côte d'Ivoire en tant que pays membre, en raison de l'anarchie politique qui règne dans le pays, exhortant Laurent Gbagbo à respecter les résultats de la dernière présidentielle tels que certifiés par l'envoyé spécial de l'ONU à Abidjan, Choi Youn-jin. Ce dernier a réaffirmé mardi devant le Conseil de sécurité de l'ONU, que le candidat Ouattara avait remporté la présidentielle ivoirienne "avec une nette avance" sur le président sortant. "M. Ouattara est le gagnant du scrutin présidentiel", a-t-il insisté, précisant avoir certifié les résultats annoncés par la CEI. L'opposant Ouattara a été donné vainqueur par la CEI avec 54,1% des suffrages mais le Conseil constitutionnel a invalidé ces résultats et a proclamé M. Gbagbo président avec 51,45%. Ignorant toutes les pressions internationales, M. Gbagbo a formé mardi un cabinet composé d'une trentaine de ministres alors que son rival Ouattara a nommé Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) à la tête de son propre gouvernement qui reste encore à compléter. Le gouvernement du président sortant est formé essentiellement de ses proches placés à des postes clés. Ancien ministre de l'Intérieur comptant parmi les membres du camp Gbagbo, Désiré Tagro devient secrétaire général d'une présidence d'abord soucieuse de consolider son pouvoir et qui dispose de l'armée. Soutenu par la communauté internationale, M. Ouattara compte lui aussi rendre effectif son gouvernement "C'est nous qui avons le pouvoir, il s'agit de le rendre effectif", a déclaré mercredi son Premier ministre M. Soro. Nominations d'ambassadeurs, et surtout finances publiques: le camp Ouattara veut au plus vite se donner des moyens d'action. "D'ici la fin de la semaine", M. Soro souhaite commencer à prendre le contrôle des régies financières, Trésor, douanes ou impôts. La concurrence au pouvoir reste "rude" entre les deux camps dans un contexte marqué notamment par des violences qui ont fait au moins vingt morts, aux premiers jours de la crise post-électorale ivoirienne.