El Khabar : Vous appartenez à l'opposition et avez participé aux consultations alors que des partis et personnalités de l'opposition les ont boycottés. Ne pensez vous pas que vous faites un peu cavalier seul ? Mohamed Said ….où est cette opposition partisane qui a défendu le droit des citoyens à créer des partis politiques ou des syndicats libres, malgré les appels qui lui ont été adressés ? Où est cette opposition partisane qui n'a jusqu'à présent pas pris part au pouvoir, ni dans le gouvernement, le parlement, ou les communes ? L'opposition à mon sens n'est pas faire son cinéma mais prendre des positions responsables et claires qui prennent en compte la situation actuelle de manière réaliste, et je pense que nous manquons de cette culture de l'opposition, que le pouvoir manque de la culture de l'Etat. Je suis effectivement dans l'opposition, nous avons annoncé lors de la fondation du parti de la liberté et de la justice que nous étions un parti d'opposition et c'est sur cette base que nous traitons avec l'état. L'opposition telle que je l'imagine ne rejette pas tout systématiquement, mais croit au dialogue et respecte l'avis de l'autre même si c'est l'avis du pouvoir, et c'est sous cette optique que j'ai répondu à l'invitation de l'instance de consultations sur les réformes politiques, et en lesquelles j'ai vu une initiative positive pour une ouverture du dialogue avec toutes les franges de la société algérienne. El Khabar : Ne pensez-vous pas être accusé en fin de compte d'avoir voulu gagner du temps en soutenant cette initiative ? Mohamed Said : Je poserais le question différemment : si le parti de la liberté et de la justice ne participait pas, et que l'état ait été sincère dans son initiative, et lance les réformes du pouvoir qu'il avait promises, quel serait alors l'avis des détracteurs du parti ? Ils diraient que le parti a gâché une opportunité aux consultations et de faire part son approbation sur les sujets proposés au débat. Je pense que toute action politique comporte une part de risque, l'intelligence impose dans ce genre de cas à l'homme politique d'évaluer ce risque. J'ai donc pris ce risque parce que je sentais que l'Algérie avait besoin de l'opinion de tous ses enfants. El Khabar : Que pensez-vous des raisons invoqués par ceux qui ont boycotté les consultations pour justifier le refus de l'invitation de l'instance de Ben Salah ? Mohamed Said :.J'espérais que tout le monde participe à ces consultations particulièrement certains partis agrées, pour que la balle soit dans le camp du pouvoir. Je pense que certains au pouvoir souhaiteraient allonger la liste des boycotteurs de ces consultations afin que le pouvoir apparaisse devant l'opinion publique comme le démocrate qui veut ouvrir le dialogue avec toutes les parties, et rejeter alors le refus du dialogue sur l'opposition et disposer comme il le veut des réformes.