El Khabar : que signifie pour vous le prix du martyr Omar Ourtilane ? Chourabi : je ne considère pas ce prix comme étant un hommage à ma personne, seulement, mais à l'ensemble des journalistes ayant défendu leur droit à la liberté de l'expression et qui ont résisté face aux années de la dictature. Ce prix est la meilleure des choses que puisse offrir un journal algérien à des journalistes ayant pu défier l'hégémonie d'un régime dictateur et pressions auxquelles ils ont fait face durant l'exercice de leurs fonctions. Ce prix représente, également, une reconnaissance du rôle prépondérant que jouent actuellement les médias alternatifs, pour briser le carcan du black-out médiatique et une reconnaissance des rôles que jouent les journalistes sur les réseaux Internet, notamment, mettre la lumière sur tout ce que le pouvoir veut orchestrer et cacher. Je espère que la presse électronique lancera un nouveau et un meilleur pas, à l'avenir, vu l'importance qu'elle avait dans la révolution tunisienne. El Khabar : Parlez nous des circonstances de ton travail durant la révolution Tunisienne ? Chourabi : les conditions de travail étaient tellement difficiles…je faisant tout pour rapporter l'information. A chaque fois qu'un appel à manifester soit lancé, je suis toujours sur place avant le rendez-vous, même des heures avant, pour que les policiers ne s'aperçoivent pas de ma présence. Une fois que je termine de filmer les manifestations, je cache ma caméra chez une autre personne pour la rencontrer plus tard au journal. On devait faire tout pour briser le mur de la peur. Plusieurs collègues ont été emprisonnés ou arrêtés. Zine El Abidine Ben Ali a essayé toutes les méthodes et utilisé tous les moyens des régimes dictatoriaux, croyant pouvoir opprimer les voix libres, sans toutefois en réussir. El Khabar : Comment voyez-vous l'avenir des libertés médiatiques en Tunisie ? Chourabi : il est certain que la marge de liberté est beaucoup plus grande qu'auparavant. Toutefois, la scène médiatique ne s'est pas entièrement, débarrassée de tous ses maux. Il y a toujours cette absence de professionnalisme et la peur de l'administration des journalistes, ainsi que le manque de confiance des citoyens dans la presse. Les figures qui soutenaient l'ancien régime sont toujours là et agissent en toute impunité, en dépit de l'initiative lancée par le syndicat des journalistes, déterminée dans une liste noire des films qui faisaient éloge à l'ancien régime contre une contre partie financière et/ou matérielle. Ce qui est important, c'est que l'ère de la répression de la parole libre est révolue et qu'aucun pouvoir ne puisse aujourd'hui confisquer aux journalistes leur liberté. Je crois que le meilleur slogan ayant été écrit sur les murs de Tunisie c'est : « plus de peur à partir d'aujourd'hui ».