Le journaliste opposant et militant tunisien, Sofiance Chourabi qui a analysé lors d'un entretien à El Khabar les violents événements qui ont secoué la Tunisie ses deux dernières semaines assure qu'aucun mouvement politique n'a été l'instigateur de ces événements, et que la réaction du président Ben Ali a été trop tardive. Questionné sur le fait qu'un ace isolé ait pu embraser toutes la Tunisie le journaliste pense que le jeune chômeur qui s'est immolé par le feu n'imaginait pas que son geste allait déclencher ces manifestations, mais précise néanmoins que cette tentative de suicide avait été en quelque sorte la goutte qui avait fait débordé le vase de la colère de la population. Il ajoute concernant le manque de vigueur des parties politiques de l'opposition que le gouvernement tunisien jouait un double jeu, d'un coté il prétend offrir des espaces de libertés aux partis politiques et autres composantes de la vie sociale tunisienne, mais les accusent d'un autre coté de tentatives de politisation . « Ce qui est clair, a-t-il dit c'est que les actuels mouvements sociaux n'ont été guidés par aucune partie ou mouvement politique ». Il indique par ailleurs que le black-out médiatique imposé par les médias locaux et les autorités est dépassé par l'apparition de nouvelles chaines d'informations, d'outils de communication et de réseaux sociaux ou les informations sont relayées en temps réel grâce au « journalisme citoyen ». Il ajoute enfin que les mesures prises par le président Ben Ali son tardives et ne seront pas en mesure de trouver une solution à cette crise qui a au fond mis à nu les défaillances du modèle économique suivi par les autorités.