Exigeant la liberté politique et des réformes économiques, des milliers d'Egyptiens ont manifesté hier dans plusieurs villes du pays. Parallèlement, plusieurs mouvements militants pour la démocratie ont fait de ce mardi 25 janvier 2011 la «journée de révolte contre la torture, la pauvreté, la corruption et le chômage». Des mouvements d'opposition ont également défilé pour demander le départ du président Hosni Moubarak. L'organisation de ce «jour de colère» en date du 25 janvier qui coïncide avec la «Journée de la police» en Egypte a été lancée par les jeunes du mouvement de protestation du 6 avril sur des sites internet où 90 000 personnes auraient déclaré être prêtes à manifester. Il a reçu le soutien de plusieurs mouvements, forces et personnalités de l'opposition, notamment Mohamed El Baradei, ancien responsable de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). A préciser que les Frères musulmans et le WAFD, premier parti d'opposition laïque, ne se sont pas officiellement associés à ce mouvement. Ils ont toutefois indiqué que leurs jeunes militants pourraient se joindre aux cortèges. Au Caire, environ 15 000 personnes ont manifesté dans plusieurs quartiers, notamment aux abords de bâtiments officiels du centre-ville sous forte garde policière. Ces derniers ont lancé des slogans en faveur de réformes sociales et politiques. Certains, comme «la Tunisie est la solution», étaient directement inspirés par les événements tunisiens qui ont conduit à la chute du président Ben Ali. Des rassemblements ont également eu lieu en province, d'Alexandrie à Assouan, dans le delta du Nil ou dans la péninsule du Sinaï. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour tenter de les disperser. Le ministre de l'Intérieur, Habib al-Adli, avait déclaré au journal al-Ahram que les organisateurs des manifestations étaient «inconscients». Tout en assurant que les appels aux marches n'auraient «pas d'impact», le ministre a prévenu que «les forces de l'ordre sont capables de faire face à toute menace contre la sécurité de la population, et nous ne prendrons à la légère aucune atteinte aux biens ni aucune infraction à la loi».Le mécontentement populaire en Egypte est perceptible depuis quelques mois déjà et la «révolte du Jasmin» s'est voulue un déclencheur. Dans un premier temps avec l'imitation du geste du jeune Tunisien Bouazizi qui a déclenché les émeutes dans son pays. En effet, plusieurs Egyptiens se sont immolés ces dernières semaines pour dénoncer les difficultés économiques et sociales auxquelles ils font face. Le gouvernement égyptien a tenté de précéder la colère de son peuple en prenant certaines dispositions pour éviter toute hausse des prix ou pénurie des produits de base, afin de ne pas aggraver le climat social. Mais ces mesures s'avèrent apparemment insuffisantes. Avec plus de 80 millions d'habitants, l'Egypte est le pays le plus peuplé du monde arabe, et plus de 40% de sa population vit en dessous d'un seuil de pauvreté de deux dollars par jour et par personne. H. Y.