L'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, M. Brahim Ghali, a affirmé, hier, dans un entretien qu'il nous a accordé que le rapprochement entre l'Algérie et le Maroc, suite à la visite officielle en Algérie du MAE marocain, Saad Eddine Othmani, ne peut avoir des conséquences négatives sur la cause sahraouie. M. Ghali a indiqué que la position de l'Algérie est solide et inébranlable, relevant que la construction de l'UMA est intimement liée à la résolution de la cause sahraouie, en accordant au peuple sahraoui le droit d'autodétermination. ** Un dynamisme caractérise les relations algéro-marocaines, depuis quelques temps, notamment suite à la visite officielle du MAE marocain en Algérie, comment évaluez-vous ce rapprochement entre les deux voisins « ennemis » ? Tout d'abord, nous devons mettre la cause sahraouie dans son contexte historique et juridique. C'est une affaire de décolonisation prise en charge par l'ONU et elle a été inscrite au sein de la 4ème commission de décolonisation de l'ONU…dans les années 1970, au moment où le peuple sahraoui se préparait à fêter son indépendance, à l'issue d'une longue lutte contre l'Espagne, un complot a eu lieu contre ce peuple. En effet, un accord a été signé entre les trois parties, soient le Maroc, l'Espagne et la Mauritanie, le 14 novembre 1979 à Madrid ; toutes les souffrances endurées par le peuple sahraoui sont dues à cet accord. Les 37 ans de colonisation du Sahara Occidental par le Maroc ont démontré que la construction de l'UMA ne peut avoir lieu sans le règlement équitable de la cause sahraouie, en accordant au peuple sahraoui le droit d'autodétermination. Les 37 ans d'occupation nous ont permis de prouver que la construction de l'UMA a été entravée par la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc. Tant que l'occupation se poursuit, il est hors de question de dire que l'UMA pourrait être construite sur des bases solides. ** Ne pensez-vous pas que le rapprochement entre l'Algérie et le Maroc pourrait contribuer au règlement du conflit ? La cause sahraouie est inscrite à l'ONU, elle ne peut être réglée ni bilatéralement entre l'Algérie et le Maroc ni dans le cadre de l'UMA. Nous souhaitons que les efforts fournis sur le plan bilatéral ou bien par les cinq pays de l'UMA puissent convaincre le Maroc à se conformer à la légalité internationale, respecter le droit international et les droits de l'homme et mettre fin à l'exploitation des richesses naturelles du Sahara Occidental. ** Ne craignez-vous pas que l'Algérie change de sa position à l'encontre de la cause sahraouie, dans le cas où une réelle normalisation des relations bilatérales entre les deux pays puisse avoir lieu dans l'avenir ? Nous avons une confiance totale sur la solidité de la position algérienne. L'Algérie connaît bien la position marocaine…La position de l'Algérie est inchangeable et ne peut être affectée pas les pressions. L'Algérie avait fait l'objet des pressions pendant les années du terrorisme, pendant lesquelles le Maroc a œuvré pour déstabiliser le pays et a coopéré avec le terrorisme pour étouffer l'Algérie, mais il a échoué dans sa mission…la position de l'Algérie a été toujours stable, depuis l'indépendance. Nous ne craignons pas qu'elle soit altérée par le rapprochement entre le Maroc et l'Algérie. ** Si le rapprochement entre les deux pays ne peut, selon vous, régler le conflit, la résolution de la cause via l'ONU pourrait-elle avoir lieu ? Malheureusement, l'ONU n'a pas assumé ses responsabilités visant à convaincre l'autre partie, le Maroc, à se soumettre au droit international et à la légalité internationale ; les efforts menés sous l'égide de l'ONU se cognent contre l'obstination du Maroc, en l'absence d'une réelle volonté du Conseil de sécurité, mais la cause trouvera une issue un de ces jours. Nous espérons que des pressions soient exercées et des sanctions soient prises contre le Maroc. ** Qu'attendez-vous de l'Espagne notamment après la montée au pouvoir du Parti Populaire ? La position du Parti Populaire en Espagne a été stable depuis l'an 2000. Ce dernier défend les droits du peuple sahraoui, dont l'autodétermination, tout en reconnaissant la responsabilité historique, morale et juridique de l'Espagne.