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« Une presse française est de plus en plus pauvre, bardée de préjugées idéologiques » Maurice Szafran dénonce l'ingérence des milliardaires dans le monde de la presse
M. Maurice Szafran a déclaré que la presse française est monopolisée de nos jours de l'emprise des milliardaires et de l'incapacité de mener ses enquêtes suite à l'absence de moyens. Il a considéré que ses facteurs ont eu un impact sur le rendement et sur a nature du travail du journaliste français, qui s'intéresse d'avantage au commentaire idéologique au détriment des enquêtes de presse. M. Maurice Szafran, Directeur de Publication du journal « Marianne », pense que la presse française est soumise à plusieurs facteurs, parmi eux, le fait que la plupart de ses responsables ont subi l'expérience de la guerre d'Algérie et ont été formés pendant cette guerre à l'instar de Jean Daniel, Jean François, qui est le fondateur du journal « Marianne ». Une presse française de plus en plus pauvre, bardée de préjugées idéologiques sur le cas algérien, plus prompte à commenter qu'à enquêter, c'est le constat alarmant que Maurice Szafran, directeur de la publication de Marianne a dressé, samedi soir, à l'occasion d'un débat sur « la vérité dans les médias ». Cinquante ans plus tard, de Jean Daniel au Nouvel Observateur à Jean-François Kahn à L'Evénement du jeudi, puis à Marianne, la guerre d'Algérie reste pour Maurice Szafran un moment particulier dans la presse française : « Je ne connais pas d'autre événement dans la vie française qui continue de jouer un rôle aussi fondamental ». Une relation à l'actualité algérienne qui n'épargne pas la rédaction de Marianne. Dernier cas de conscience en date, le travail d'un journaliste pigiste remettant en question la responsabilité du GIA dans l'assassinat des moines de Tibhirine. « Au sein du journal, cela a été un conflit très violent », explique Maurice Szafran. « Publier ce papier tel quel aurait été une rupture historique avec tout ce que nous avons écrit sur la guerre civile, sur la responsabilité du GIA. Pour certains excellents journalistes de la rédaction, c'était tomber dans le piège islamiste. Est-ce qu'on passe à la trappe un article qui a peut-être des informations juste parce qu'il remet en cause des engagements importants du journal sur un événement étranger ? », s'interroge le directeur de publication. L'Algérie, un sujet qui a bien évidemment divisé aussi les journaux entre eux : « Nous nous sommes étripés avec Le Monde et Libération pendant toute la guerre civile algérienne. Nous leur reprochions de faire le jeu des islamistes. C'était d'une violence idéologique et politique incroyable ». Puis se tournant vers Cherif Rezki, directeur d'El Khabar, journal algérien en langue arabe co-organisateur avec Marianne et France Inter de ces journées autour de la guerre d'Algérie, il s'alarme : « Proportionnellement, les médias algériens ont probablement plus de moyens en Algérie que le Figaro ou le Monde en France. Nous sommes une presse ultra-pauvre. Dans cette situation, la presse française fait de l'idéologie, du commentaire, du politique, de l'historique, car cela ne coûte pas trop cher ». Et pour Maurice Szafran de conclure sur « cette question du rapport de la presse à ses actionnaires, au fric et à la pub » qui « induira dans les années à venir l'existence ou non d'une presse indépendante en France ».