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Aucun pays au monde ne veut vivre le scénario Libye
Le SG de la Ligue Arabe, Dr Nabil Al Arabi à El Khabar
Publié dans El Khabar le 20 - 04 - 2012

M. Nabil Al Arabi, Secrétaire Général de la Ligue Arabe et depuis sa désignation dans ce poste, gère un champ de mines. Le temps a changé et n'est plus comme avant. Le printemps arabe passe d'un pays à un autre et les crises ne cessent de déclencher. La situation en Syrie est plus mauvaise que celle que puisse imaginer un scénariste. Une nouvelle crise vient de se déclencher entre le soudan et le sud soudan en plus des troubles régionaux en Libye, au Yémen et à Bahreïn. D'autres atteintes aux droits de l'Hommes ont été enregistrées en Arabie Saoudite et on a aussi la question du Sahara Occidental. Dans une première interview qu'il a accordée à un journal algérien, M. Nabil El Arabi répond aux questions d'El Khabar qui lui a rendu visite à son bureau au siège de la Ligue Arabe, avant sa prochaine visite en Algérie où il examinera avec le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika plusieurs dossiers importants dont les prochaines législatives en Algérie et la délégation d'observateurs arabes. Les deux responsables examineront également d'autres dossiers tels que celui de la promotion de la Ligue Arabe, la situation en Syrie et autres dossiers relatifs aux arabes. M. Nabil Al Arabi considère le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika comme le plus ancien politique dans la région Arabe, puisqu'il l'exerce depuis les années soixante. Il a décidé, donc, de discuter avec Bouteflika et lui demander ainsi qu'à l'Algérie de jouer un rôle plus important dans la prochaine période.
El Khabar : la discussion sur la Syrie s'impose étant donné que la guerre continue dans ce pays où l'on enregistre toujours des blessés, des morts, des vagabonds et des maisons démolies. Quelle en est au juste la situation en Syrie ?
Nabil Al Arabi : le gouvernement Syrien fait face, sans aucun doute, à une grande opposition. Chacune des deux parties que ce soit le gouvernement ou l'opposition, a des points de vue différents. On pouvait dès le début régler la crise d'une manière pacifique. Toutefois, le gouvernement syrien a eu recours à la force. Idem pour l'opposition qui, sous pression, a été elle aussi contrainte, à recourir la force. La question est grave et il est temps que l'on parvienne à un cessez-le-feu total pour que le processus politique puisse être relancé. Le règlement politique de la crise syrienne est pris en charge actuellement par Koffi Annan, l'ex secrétaire général des Nations Unies et son adjoint Mohcene Al-Koudoua, qui est ministre des Affaires Etrangères de la Palestine. Deux personnes ayant une grande expérience politique et maitrisent parfaitement le sujet dans la région. Ce qu'il faut actuellement, c'est quand on se lève le lendemain on ne trouve aucun mort. Afin que le processus politique avance, une coopération entière entre le gouvernement et l'opposition est nécessaire. Pour l'opposition, la Ligue Arabe est chargée de les rencontrer et nous avons été chargés, depuis le mois de septembre passé, de les contacter. Au cout de sept mois, nous avons contacté toutes les composantes de l'opposition Syrienne et il est temps aujourd'hui d'appliquer sur le terrain la déclaration de Doha, rendue public il y a trois jours. Une autre décision sera prise dans ce cadre suite à la deuxième rencontre des ministres arabes des affaires étrangères, qui se tiendra au Caire le 26 du mois en cours. Avant la fin du mois en cours, nous sommes également chargés d'appeler à une deuxième rencontre élargie de toutes les parties de l'opposition, avant la fin du mois en cours. Dimanche prochain, je dois rencontrer Dr Borhane Ghalioune et les membres du Conseil National Syrien. Nous allons fixer le rendez vous de la rencontre de toutes les parties de l'opposition. Il y a des parties qui comprennent la mission du Conseil National. Il existe également des parties de l'opposition qui comprennent également ce que fait le Conseil National et le soutiennent. Nous voulons inviter ces parties au dialogue. Une réunion a eu lieu au Caire, il y a une semaine et à laquelle ont assisté près de cent opposants syriens qui soutiennent tous le conseil national syrien et qui a vu également la participation de l'opposition de l'Intérieur de la Syrie. La première mission des membres réunis c'est de parvenir à un accord sur le choix des personnes qui les représenteront. D'autre part, Koffi Annan a demandé au gouvernement Syrien de désigner ses représentants afin qu'il puisse réunir les deux parties et booster le processus politique et parvenir à une solution pacifique à la crise.
El Khabar : croyez-vous vraiment en la possibilité de parvenir à une solution pacifique à la crise en Syrie ou est ce que l'appel au dialogue n'est que de la poudre aux yeux ?
Nabil Al Arabi : si les efforts de parvenir à une solution pacifique à la crise en Syrie sont inutiles. Quelle est donc la solution, la déclaration de la guerre ! Personne ne veut la guerre, personne ne veut plus de morts et de destruction.
El Khabar : comment voyez-vous le plan de Koffi Annan. C'est une solution ou un résultat ?
Nabil Al Arabi : toutes les grandes forces exercent la pression, y compris la Russie, la Chine et l'Iran. Pour la première fois, le conseil de sécurité des Nations Unies a pris une décision à l'unanimité de toutes les puissances et je suppose que ces pressions aboutiront à une solution pacifique à la crise en Syrie.
El Khabar : le dossier syrien devient de plus en plus compliqué et on n'est parvenu à aucune solution. La Ligue Arabe a soumis le dossier Libyen au Conseil de Sécurité, pourquoi n'avez-vous pas réagi dans le dossier syrien comme vous l'avez fait dans le dossier Libye en dépit du fait qu'une partie de l'opposition a revendiqué de soumettre le dossier Syrie au Conseil de sécurité et appelé à l'intervention militaire ?
Nabil El Arabi : Benghazi était sur le point d'être anéantie et les ministres arabes des affaires étrangères ont décidé de solliciter l'intervention du conseil de sécurité et d'imposer un embargo aérien. La situation est différente en Syrie. Les syriens ne veulent pas ça.
El Khabar : il existe toutefois une partie de l'opposition qui revendique l'ingérence militaire ?
Nabil Al Arabi : les parties de l'opposition ne sont pas parvenues à un consensus sur cette question, les ministres arabes des Affaires Etrangères non plus. Dans le cas Libye, des parties internationales avaient la prédisposition de le faire, (usage de la force militaire). Dans le cas de la Syrie, aucun pays ne veut intervenir militairement, y compris la Turquie qui a fait allusion à ce sujet en évoquant des couloirs sécurisés et l'installation d'une région isolée, ne fera pas ça. Aucun pays au monde ne veut ça. Nous devons régler le problème avec les moyens de bord et dans la mesure du possible. Nous ne devons pas pensez au scénario Libye. La Ligue Arabe n'a ni les armes ni les moyens d'intervenir militairement en Syrie. Le seul appareil au monde qui puisse ordonner l'usage de la force pour le règlement du dossier Syrien est le Conseil de Sécurité. C'est la Ligue Arabe qui a été la première à prendre l'initiative et appelé le gouvernement Syrien à arrêter la violence et l'effusion du sang, libérer les otages. C'est la seule qui a pris des décisions politiques, le 13 juillet 2011, c'est-à-dire, après un mois et demie avant que les ministres ne se réunissent. Je me suis rendu en Syrie pour essayer de calmer les esprits et trouver une solution pacifique à la crise avant que les choses ne dégénèrent mais j'ai échoué à le faire. Pour quelle raisons ? Parce que nous vivons dans un monde soumis à des règles précises et que nous devons jouer dans les règles du jeu.
El Khabar : la Ligue arabe prendra part à la mission des observateurs internationaux qui seront dépêchés en Syrie ?
Nabil Al Arabi : on a demandé à la Ligue Arabe de participer avec des observateurs et on a demandé à certains pays de proposer des noms. Koffi Annan est un émissaire et des Nations Unies et de la Ligue Arabe dans l'opération conduite par les deux organisations.
El Khabar : y a-t-il une différence entre les objectifs de la Ligue Arabe et l'objectif Qatari dans le dossier syrien ?
Nabil Al Arabi : qu'est ce que vous insinuez par l'objectif Qatari ? Le Qatar est notre partenaire dans toutes les décisions que nous prenons. J'ai rencontré, mardi passé, le premier ministre Qatari qui a, dans une conférence de presse, dégagé toute responsabilité du Qatar dans l'armement de l'opposition Syrienne. Il y a des rumeurs faisant état que l'Etat Qatari et d'autres pays ont armé l'opposition syrienne. Chose que les Qataris ont catégoriquement niée. Le Qatar a rendu public, Mardi passé, une déclaration à Doha, qui a été signée par tous les pays arabes. La presse et les médias en ont abordé le dossier avec plus d'audace mais avec moins d'exactitude.
El Khabar : et pour ce qui est du Qatar qui devance la scène politique de la Ligue Arabe ?
Nabil Al Arabi : je me suis habitué à cette question. Les journalistes me la posent toujours dans les conférences de presse que j'anime et j'ai répondu à elle à maintes reprises. Toutefois, je vais vous y répondre ; oui, le Qatar est un pays qui a une politique et sois certaine que toutes les propositions qui ont été formulées que ce soit par le Qatar ou par d'autres pays ont été examinées par le conseil des ministres de la Ligue Arabe, qui va les accepter ou les refuser. Je vous assure également que toutes les décisions ayant été prises dès le début ont été revues à maintes reprises afin que toutes les parties parviennent à un consensus. Chaque pays de la Ligue Arabe participe dans les décisions prises par cette dernière la décision finale est les résultats des propositions de 21 pays. Un comité de la Ligue Arabe composé de 10 Etats s'est réuni à Doha. Toutefois et en toute sincérité, la décision a été préparée par le Secrétariat Général, avant le rendez vous, avec l'aval de tous les pays.
El Khabar : la Ligue Arabe a réagit à maintes reprises aux révoltes du printemps arabe et soutenu les revendications des peuples arabes et leurs aspirations au changement. Elle a toujours soutenu ces peuples à décrocher leurs droits. Les Nations Unies ont sévèrement critiqué les violations par le Maroc des Droits de l'Homme au Sahara Occidental. Ne pensez vous qu'il est temps d'ouvrir ce dossier sur le plan arabe ?
Nabil Al Arabi : le dossier du Sahara Occidental est entièrement différent. Ce sont les Nations Unies qui s'occupent de ce dossier et il est inutile que la Ligue Arabe s'ingère dans ce dossier, sauf si on le lui demande.
El Khbar : on parle de restructuration de la Ligue Arabe. Ceci est il juste ?
Nabil Al Arabi : la Ligue Arabe a été fondée en 1945. Elle est plus ancienne par rapport aux Nations Unies. Il a été donc nécessaire de la revoir et la promouvoir. Cette opération se déroulera en trois étapes. La première consiste dans la restructuration de son Secrétariat Général, revoir l'ensemble des traités qui ont été signés depuis 1945. La deuxième étape consiste à revoir l'organisation de la Ligue Arabe. Chose que nous n'allons pas abordé à cette occasion, alors que la troisième phase consiste à réviser ce qu'on peut réviser, en accordant au secrétariat général et aux Assemblées concernées plus de moyens et de la liberté pour réagir et assumer les charges. Cela prendra certainement beaucoup de temps.


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