C'était une nuit pour le moins agitée, passée en compagnie des éléments de la police judicaire (PJ) de la sûreté de wilaya de Tizi Ouzou, ce 19 juillet. Il est retenu de ces hommes à l'uniforme bleu, leur courage et leur amour pour le métier qu'ils font et leur extrême vigilance. Mais aussi, leur sang-froid et leur capacité à rester placide devant les situations extrêmes et parfois complexes. Jeunes pour la plupart, la moyenne d'age ne dépasse pas les 35 ans. A la fois flegmatique et « brutal », le policier adapte son comportement au gré des situations et des profils des individus. Motivés par le désir de débarrasser les rues des délinquants de tout bord, un officier nous a confié : « Nous puisons notre force du défi que nous lancent ces dealers. Tous ceux qui touchent à la société, à la quiétude des personnes et aux biens de la population sont considérés comme des ennemis. La notion de la peur est exclue... » Il est 20h 55 mn au commissariat central de la ville. Une soixantaine de policiers se préparent à braver les rues et les coins les plus vulnérables de la ville de Tizi Ouzou et sa périphérie. Six journalistes les accompagnent pour ne découvrir qu'une bribe de leur fonction. En trois heures de temps, les opérations se sont soldées par 8 arrestations, 34 caisses de bière et 35 450 DA saisis. Dans l'ordre, la patrouille, composée d'une dizaine de véhicules se rue vers la ville de Draâ Ben Khedda, à 7 km de la ville de Tizi Ouzou. En cours de route, des citoyens, semblent impressionnés par la ronde. Cette ville est réputée pour la consommation des stupéfiants. Une pénétration dans un débit de boisson clandestin à la sortie est de la ville de Draâ Ben Khedda a été opérée vers 20h 15. Un homme accoudé à sa voiture prend son téléphone portable. « Il se pourrait qu'il veuille alerter les autres de notre présence. C'est un procédé que les dealers utilisent souvent. Parfois, en ville on peut même entendre des sifflements ». L'homme subit un interrogatoire qui ne lui laisse pas le temps de réfléchir. Les autres équipes s'introduisent à l'intérieur. Ainsi, tout le monde est passé à une fouille minutieuse. « Carte d'identité, SVP. Vous habitez où ? Que faites-vous ici ? Vous connaissez le propriétaire,… ». Ce sont autant de questions posées aux habitués de l'endroit. Pendant que les policiers faisaient leur boulot, un coup d'œil dans la cuisine fait découvrir des odeurs repoussantes. Puis, des policiers s'affairaient à charger les 34 caisses de bière du magasin dans un fourgon banalisé. Aussi, les responsables des lieux sont embarqués dans les véhicules ainsi que 6 témoins, sans résistance. Le débit de boissons est passé au peigne fin et rien n'est laissé au hasard. Les clients, qui se trouvaient vraisemblablement dans une autre dimension suivent les mouvements des policiers en ricanant ! « Le barman, A. Karim touche 400 DA la journée et le locataire est un récidiviste notoire. Nous avons déjà fermé ce débit l'hiver dernier, mais il se trouve que le propriétaire du local a loué à B. Samir… la boisson saisie sera répertoriée et partira dans un établissement hôtelier », dit l'officier. 21h 15, la patrouille repart à la chasse des consommateurs de stupéfiants. La destination est un lieu de prédilection pour les amateurs de kif et de neuroleptiques. La gare ferroviaire de Tizi Ouzou, appelée communément le « sud ouest » est fréquentée de nuit par des dealers et autres buveurs de boissons alcoolisées. La station est sillonnée de long en large par les policiers, des torches aux mains. Ils agissent selon un plan qui permet de mettre l'étau sur d'éventuels drogués, en pénétrant par deux brèches. Là aussi, à peine les véhicules repérés, des portables s'allument. Rien à signaler. L'officier se réjouit, cela veut dire que la zone est sous contrôle. Cependant, « des coups de filets ont été effectués dans cette gare. Ils nous appréhendent, car nous avons fait plusieurs descentes ici ». À l'intérieur de la gare, un groupe de jeunes boivent de l'alcool. Recroquevillés près d'un mur, ils se font contrôler l'identité par les policiers qui embarquent trois ivrognes, n'ayant pas leurs papiers. La troisième opération, est une vadrouille dans l'un des lotissements de Tala Allam. Le chef des brigades réunit ses troupes près du pont de Boukhalfa, où se trouve un barrage fixe des URS. Après quelques consignes de sécurité communiquées aux équipes, ils entament, en file indienne, une piste sinueuse et caillouteuse. Dans l'obscurité, un barbu vêtu d'un maillot et un pantalon court, attire l'attention d'un policier. Ce dernier, après l'avoir abordé, n'hésite pas à le prendre en filature. Vigilance oblige. Tout le long du chemin, des éléments, avec des armes d'assaut, assurent la couverture des autres collègues. En fait, les opérations sont préparées préalablement et un plan d'action est élaboré avant chaque intervention. « En selle » s'écrit le chef de troupe. A 22h 30, alors que le cortège s'élance vers un autre quartier, une voiture de patrouille signale, à l'aide de la radio, une rixe à l'arme blanche dans la voie publique, sur la route qui mène au centre de formation de Tala Allam. Aussitôt l'appel intercepté, le véhicule se lance à toute allure. Renseignement pris sur place, les policiers se lancent dans une course poursuite qui a abouti à l'arrestation de trois individus notoirement connus par les services de police. « Ce sont presque toujours les même… », indique un policier qui range son arme. Bien que certains jeunes du quartier n'aient pas été coopértifs, l'intervention énergique et musclée des forces de l'ordre a eu raison des fuyards. Des tirs de sommation ont fait sortir les habitants. « Je n'ai pas vu où il a laissé tomber son couteau je me suis occupé à l'arrêter d'abord », dit Ramdane un jeune policier dynamique qui a été le premier sur les lieux. Retour au commissariat. Il est 23h 30. Un passage par le lotissement Hamoutène et la route du cimetière qui débouche sur le barrage fixe du carrefour Chabane ravive de douloureux souvenirs. En dégainant leurs armes, les officiers laissent entendre que l'endroit est dangereux. « C'est ici que des terroristes ont tué deux des nôtres. La route étant bordée par le cimetière de M'Douha et le lotissement Salhi… » Minuit, c'est la fin de la tournée pour les six journalistes. A peine les pieds posés sur le sol, un détachement, à bord de deux voitures banalisées repartent aux trousses d'un délinquant multirécidiviste.