Dans l'entretien qu'il nous a accordé, le secrétaire général du syndicat des travailleurs de Hyproc, M. Charef, a lancé un véritable cri de détresse. Pour lui, le départ des officiers navigants pour de meilleurs salaires menace lourdement l'avenir de Hyproc. Vous venez d'arracher l'accord de principe pour une revalorisation des salaires. Etes vous satisfait ? Nous sommes, après des heures de débats houleux avec les responsables de la compagnie, arrivés à un accord de principe pour revoir les salaires à la hausse. Nous allons nous revoir le 15 août prochain pour un dernier round. Nous ne pouvons rien dire pour l'instant parce que nous n'avons eu que des promesses. Il faudra donc attendre le concret qui sera déterminé le 15 août. Si les promesses restent à leur stade premier, nous reviendrons à la charge. Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour mettre sur la table les problèmes de salaires ? Cela fait trois ans que nous réclamons une hausse des salaires. Nous avons averti la direction générale sur le risque de départ de nos cadres pour d'autres compagnies étrangères, mais personne ne voulait nous entendre. Depuis, il y a eu 80 officiers, entre commandants, chefs mécaniciens et mécaniciens qui ont été recrutés par des compagnies étrangères, notamment celles des pays du Golfe. Les salaires qu'elles leur ont proposés sont vraiment loin de ceux qu'ils percevaient en Algérie, avec en plus des avantages sociaux qu'ils ne rêvaient pas d'obtenir. En plus des salaires indécents au vu des conditions dans lesquelles exercent ces cadres, ces derniers souffrent d'un manque flagrant de considération de la part de leur hiérarchie, alors que toutes les activités de la compagnie reposent sur eux. Il est important de noter que celles-ci sont très rémunératrices. Un commandant touche un salaire de 200 000 DA, lorsqu'il est embarqué et 120 000 DA, lorsqu'il est en congé, alors qu'à l'étranger, le même commandant perçoit entre 12 000 et 15 000 euros par mois. Nos salaires sont une honte... Est-ce uniquement pour des questions de salaires que ces officiers quittent Hyproc ? Il n'y a pas que les salaires, mais aussi la considération. Nos officiers sont généralement absents, parfois jusqu'à 8 mois, de leurs foyers, et leurs familles ne trouvent personne pour résoudre leurs problèmes, comme par exemple le non-virement des salaires ou des allocations familiales. Eux-mêmes, quand ils rentrent au pays, ils ont des difficultés à être reçus au niveau de l'administration, alors que toute l'activité de la compagnie repose sur leur labeur. Aujourd'hui, nos états-majors et officiers ont déserté nos navires pour rejoindre les compagnies de GNL NGSCo/Emirats, Qatar Gaz, Luxembourg et autres. le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait pourtant donné des instructions devant l'état-major à notre ex-PDG, lors de l'inauguration du super LNG Lalla Fatma N'Soumer, arrivant du Japon, de veiller à ce que nos cadres officiers et états-majors ne quittent pas nos navires en leur proposant un salaire décent, qu'ils soient embarqués ou en congé de récupération. Malheureusement, ces instructions sont restées lettre morte. L'état-major de ce navire, parmi d'autres d'ailleurs, est aujourd'hui au complet au service de NGSCo, aux Emirats, sur leurs super-méthaniers. Il est dommage, triste et très regrettable de voir recrutés à leur place des étrangers à un salaire universel, pour une compétence et une expérience de loin en deçà de celle des nôtres. Nous voulons que le personnel navigant, la colonne vertébrale de la compagnie, soit considéré à hauteur de son importance. Il doit prendre part et être représenté dans toutes les décisions qui engagent son avenir professionnel. Ce message est enfin passé et nous espérons que le 15 août prochain, les responsables viendront avec des propositions concrètes.