La volatilité des prix du pétrole déstabilise toutes les prévisions. En deux semaines, les cours du pétrole ont baissé d'environ 25 dollars au moment où les observateurs s'attendaient à une hausse encore plus importante des prix, après qu'ils aient frôlé la barre des 150 dollars. Le 18 juillet dernier et en l'espace de trois jours, soit mardi, mercredi et jeudi, le baril de pétrole a perdu environ 16 dollars à New York, reculant jusqu'à 128,88 dollars alors que le 11 juillet, il avait atteint les 147,27 dollars. Entre le 11 et le 25 juillet, soit 14 jours, le baril de pétrole a reculé de 25 dollars sur le marché new-yorkais. Mais les prix restent nettement au-dessus des 100 dollars le baril. Deux principaux facteurs ont contribué à ce recul, qui s'est poursuivi depuis les décisions de l'Administration américaine de déléguer le numéro trois du département d'Etat aux discussions sur le nucléaire avec l'Iran, aux côtés de quatre autres membres du Conseil de sécurité, du représentant de l'UE et de l'Allemagne, ainsi que les statistiques faisant état d'une baisse de la consommation de carburant aux Etats-Unis, le premier marché au monde. Cette baisse constatée depuis le début de l'année est due à une forte hausse des prix du carburant à la pompe. Selon l'Institut américain du pétrole, le premier semestre de l'année 2008 a enregistré la plus forte baisse dans la consommation de carburant depuis 1991, ce qui a aidé à reconstituer les stocks. Parallèlement, le dollar a repris par rapport à l'euro. Les déclarations du président de la Réserve, à la mi-juillet, sur la crise de l'économie, avaient déjà fait perdre 6 dollars au baril de pétrole en une seule journée, le 15 juillet. Cette volatilité extrême a rappelé aux pays producteurs que rien n'est jamais acquis et que les records battus sur une courte période peuvent s'effriter aussi rapidement. Jeudi dernier à Lisbonne, le président vénézuelien, Hugo Chavez, a estimé que si le prix du pétrole se stabilise à 100 dollars, ce serait correct. Pour lui, « la spéculation fait grimper le prix au-delà du raisonnable ». Plus près encore, le 26 juillet, le ministre de l'Energie et des Mines et président de l'Opep, Chakib Khelil, avait déclaré : « S'il n'y avait pas eu de baisse du dollar et s'il n'y avait pas eu de problèmes géopolitiques, on devrait être entre 70 et 80 (dollars le baril). » Le ministre, qui s'exprimait en marge de la présentation des blocs d'exploration et répondant à une question sur la baisse des cours actuels du pétrole, a indiqué que « normalement, si le dollar se renforce et si la crise de l'Iran se résout et qu'il n'y a pas de problème, ça devrait aller vers cette tendance, maintenant sur combien d'années, je ne peux pas vous dire ». « Mais il peut y avoir des volatilités, c'est-à-dire des montées, des descentes, mais normalement à long terme, on devrait aller vers des situations où, sans interférences géopolitiques ou de politique monétaire des Etats-Unis ou autre, on devrait aller vers ce niveau-là », a-t-il ajouté. A propos d'une question sur la baisse de la demande, le ministre a indiqué : « Justement, moi je ne vois pas de baisse de la demande, il n'y a pas de destruction de la demande, l'offre reste au même niveau et encore elle a augmenté, les réserves ont augmenté. Moi je pense que le marché a dû intégrer déjà qu'il n'y aura pas d'attaque sur l'Iran, je crois que c'est l'événement majeur, parce qu'avec la visite des représentants américains à Genève, le marché a dû intégrer que probablement il n'y aura pas d'attaque. » Hier mardi en visite à Djakarta, le ministre a développé la même approche. Hier, vers 16h30 GMT, le light sweet crude à New York était coté 121,79 dollars, tandis que le brent était coté 122,52 dollars le baril. Le marché pétrolier semble avoir aussi intégré un recul de la demande en carburant aux Etats-Unis et reste quand même soutenu par la demande en provenance des pays émergents. Si une certaine stabilité semble se dessiner à cause de la crise économique, une reprise des tensions pourrait encore porter les prix vers le haut.