Encagoulé et sous escorte de haute protection, Radovan Karadzic l'ancien fugitif le plus recherché a été transféré hier très tôt dans la matinée au centre de rétention de la Haye. Les manifestations des pro-Serbes pour soutenir leur héros n'ont rien pu faire face à la détermination du gouvernement de Belgrade. Il en va de même pour son avocat Svekozan Vujacic qui a renoncé à déposer un recours contre son transfert. Dès aujourd'hui, il comparaîtra pour la première fois devant le Tribunal international de l'ex-Yousgoslavie. Le juge néerlandais Alphons Orie demandera à l'ancien chef des Serbes de Bosnie s'il plaide coupable ou pas de ses onze chefs d'inculpation dont crime de guerre, contre l'humanité et génocide. Il aura un délai de trente jours pour répondre à cette question. Son procès s'annonce riche en révélations selon plusieurs experts : comment a-t-il pu échapper aux Occidentaux en Bosnie ? Et sa relation avec l'ancien président Slobodan Milosevic. « Le procès de Karadzic sera beaucoup plus simple que celui de Milosevic. Contrairement à lui, dont le procureur devait prouver son rôle dans les atrocités, Karadzic était là où on se battait. Il a énormément écrit et parlé au Parlement, à la télévision, aux journalistes et exposé sa politique », analyse Heikelina Verrijn-Stuart, experte en justice internationale. Dans ces précédentes déclarations, il a prévenu qu'« en cas d'arrestation », il aurait « des choses à révéler sur les promesses des Occidentaux au sujet des accords de paix de Dayton de 1995 », explique l'ex-porte-parole de l'ex-procureur du TPI Carla del Ponte. Radovan Karadzic, comme ligne de défense, pourrait tout mettre sur le dos de son ancien mentor Slobodan Milosevic. Ce dernier, mort pendant son procès, ne pourra pas répondre aux accusations. Les relations entre les deux personnages s'étaient refroidies en 1994. L'ancien chef des Serbes de Bosnie exigeait les deux tiers du territoire de la Bosnie. Tandis que son chef accepta les accords de paix des Occidentaux. Cependant, ce sont surtout les survivants de Srebrenica et du siège de Sarajevo qui attendent la vérité et que justice soit rendue. Dans le même temps, ils espèrent très prochainement les arrestations de Ratko Mladic et Goran Hadzic, les deux derniers inculpés toujours en fuite. Le temps presse, car en 2010, les travaux du tribunal devront se clôturer, selon le règlement des TPI.