Capture n L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, 63 ans, inculpé de génocide et crimes de guerre par la justice internationale, a été arrêté, hier, lundi, par les services secrets serbes au terme d'une traque de 13 ans. Inculpé notamment de génocide pour avoir mené une campagne de «purification ethnique» contre les non-Serbes pendant la guerre de Bosnie, Karadzic a été appréhendé alors qu'il s'apprêtait à quitter Belgrade. Un juge d'instruction a mis un terme ce mardi matin à son audition préliminaire, premier pas vers son extradition au Tribunal pénal international (TPI) de La Haye. Selon son avocat, Radovan Karadzic aurait déclaré durant l'entretien «avoir été arrêté vendredi dans un bus» à Belgrade et avoir été depuis «détenu dans une cellule». Un communiqué de la présidence serbe avait annoncé en revanche qu'il avait été «localisé et arrêté dans la soirée» de lundi. Radovan Karadzic, qui aurait qualifié la situation de «farce», aurait en outre utilisé son «droit à rester silencieux durant l'interrogatoire», toujours selon son avocat. Ce dernier a précisé que l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, qui a été examiné par un médecin, «était calme et posé» durant l'interrogatoire, ajoutant qu'il resterait dans une unité de détention spéciale du tribunal serbe chargé de juger les crimes de guerre, en attendant son transfert vers le TPI. Radovan Karadzic a défié pendant plus de treize ans la justice internationale depuis son inculpation en 1995 pour génocide et crimes de guerre pendant le conflit en Bosnie (1992-1995). Les arrestations de Karadzic et Mladic de même que celle d'un troisième fugitif, Goran Hadzic, ancien leader des Serbes de Croatie, sont la condition pour que la Serbie puisse intégrer l'Union européenne. L'arrestation de Karadzic dont la cavale a valu à la Serbie de fortes pressions de la communauté internationale est intervenue à peine dix jours après la formation à Belgrade d'un gouvernement. Ce gouvernement qui réunit les pro-Européens du président Tadic et les socialistes du défunt Slobodan Milosevic a fait du rapprochement avec Bruxelles son principal objectif. Le procureur du TPI Serge Brammertz, qui a reporté une visite qu'il devait effectuer ce mardi à Belgrade, s'est félicité de l'arrestation de Karadzic. «J'aimerais féliciter les autorités serbes (...) pour être parvenues à ce succès marquant en coopération avec le TPI», a-t-il dit en ajoutant : «C'est un jour très important pour les victimes qui ont attendu cette arrestation plus de dix ans.» L'arrestation de Radovan Karadzic fait suite à celle du Serbe de Bosnie Stojan Zupljanin en juin 2008. Grand, la chevelure grisonnante toujours en bataille, le front barré d'une mèche indomptable, il n'avait plus été vu en public depuis sa fuite en 1996. Considéré comme un monstre par les Croates et les musulmans de Bosnie, il est toujours considéré par de nombreux Serbes comme un héros.