Pour la population ghazaouie et surtout celle du quartier Chedjaiya, à l'est de la ville de Ghaza, la journée du samedi 2 août a étrangement ressemblé à celle du 14 juin 2007, date à laquelle, par la force des armes, les milices du mouvement islamiste Hamas se sont emparés de l'étroite bande côtière. Ghaza : De notre correspondant Dès l'aube, des milliers de combattants des brigades Ezzeddine El Qassam et de la police du gouvernement du Hamas, démis de ses fonctions suite au coup de force armé de l'été passé par le président Mahmoud Abbas, ont encerclé le quartier populeux de Chedjaiya, où habite la majorité du clan Helles, dont Abou Maher est un haut responsable du mouvement nationaliste Fatah et des brigades des martyrs El Aqsa, sa branche armée. L'opération hamsaouie contre ce clan familial influent, proche du Fatah, a semblé être le parachèvement final de l'entreprise entamée l'été dernier, celle d'éradiquer définitivement le mouvement Fatah et peut-être tout autre faction nationaliste appartenant à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) dans la bande de Ghaza. Le mouvement islamiste a déclaré que cette campagne sécuritaire avait pour but d'arrêter certains membres de ce clan familial, accusés d'être les auteurs présumés de l'explosion d'une bombe sur le littoral de Ghaza, une semaine auparavant, ayant provoqué la mort de 6 personnes, 5 membres des brigades Ezzeddine El Qassam et une fillette de 6 ans. Les heurts très violents où toutes sortes d'armes ont été utilisées par les hommes du Hamas ont fait 9 morts au moins et plus de 90 blessés, en majorité des femmes et des enfants du clan Helles. Parmi les morts, figurent trois hommes du Hamas et un enfant de 14 ans du clan Helles. Au cours du siège du quartier, les hommes du Hamas ont empêché les ambulances d'y entrer pour évacuer les victimes. Ahmad Helles (Abou Maher) a affirmé par téléphone à la chaîne satellitaire El Arabiya que les hommes armés du Hamas ont usé de ces ambulances pour pouvoir pénétrer dans le quartier ciblé. Au bout d'une journée de durs combats, les hommes du Hamas ont pu pénétrer dans le quartier qu'ils ont déclaré interdit de visite pour quiconque durant trois jours. Interdits par le Hamas, durant toute la journée, aucun journaliste n'a pu pénétrer à l'intérieur du périmètre où se déroulaient les combats. Au début de l'attaque, les hommes du Hamas ont demandé à toutes les familles, sauf Helles, de quitter le quartier. Certains témoins nous ont affirmé que l'électricité avait été coupée. En fin de compte et avant l'assaut final, selon un communiqué du clan, afin d'épargner la vie des femmes et des enfants, Abou Maher en compagnie de quelques membres de sa famille ont choisi de se diriger vers la frontière avec Israël, distante d'un kilomètre seulement. Israël a autorisé 150 Palestiniens ayant déposé les armes à entrer sur son sol, dans « un geste humanitaire », selon un porte-parole de l'armée. Les blessés ont été hospitalisés en Israël et les autres ont été transportés à Ramallah. Les services médicaux israéliens ont annoncé avoir traité neuf Palestiniens, dont six grièvement blessés. Cette ouverture exceptionnelle du point de passage a été décidée par le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, qui avait été personnellement sollicité par le président Abbas et le Premier ministre palestinien Salam Fayyad. Des informations ont fait état de la blessure d'Abou Maher à la cuisse et de la mort de quatre de ses compagnons. Cette guerre fratricide a été la conséquence d'une semaine de violences durant laquelle le Hamas a arrêté des centaines de militants du Fatah, dont un membre du comité exécutif de l'OLP et d'un membre du comité révolutionnaire du Fatah, qui a été remis en liberté, samedi en milieu de journée, en plus de trois gouverneurs toujours incarcérés. Les forces sécuritaires en Cisjordanie ont de leur côté arrêté près de 150 partisans du Hamas que le président Abbas a ordonné de libérer immédiatement. Nul doute que ce grave embrasement et ce sang qui a coulé à Ghaza ne faciliteront pas la tâche égyptienne dans sa tentative de rassembler toutes les factions palestiniennes pour des négociations ayant pour but de les réunifier. Tant que le mouvement Hamas aura la détente facile contre ses rivaux, en particulier le mouvement Fatah qui a commencé sa lutte de libération plus de 20 ans avant son apparition sur la scène, il lui sera difficile de convaincre les factions palestiniennes à chercher un partenariat pour poursuivre ensemble cette lutte de libération et non pas d'imposer son diktat. Certains responsables du Fatah, tels Azzam El Ahmad, accusent ouvertement le Hamas de vouloir anéantir toutes les forces nationalistes dans la bande de Ghaza avant de déclarer son émirat islamique sur la bande côtière, ce qui mettra un terme final au projet de l'Etat palestinien, libre, indépendant et démocratique sur les terres occupées en 1967, dont la ville sainte d'El Qods, et donnera raison à Israël qui ne cesse de clamer que les Palestiniens ne méritent pas cet Etat.