La mort, jeudi, d'une mère de famille de 35 ans, laissant derrière elle 5 enfants, faute de soins adéquats à l'hôpital central de Ghaza et l'interdiction de se faire soigner dans des centres médicaux mieux équipés dans les pays limitrophes, a démontré a quel point l'embargo peut avoir des répercussions dramatiques sur la population palestinienne. Cette femme est la 261e victime de l'embargo israélien, total ou partiel, imposé a la bande de Ghaza depuis son contrôle par le mouvement islamiste Hamas au mois de juin 2007. Le blocus israélien est total depuis le 4 novembre. Israël semble décidé à aller jusqu'au bout de ses punitions collectives contre une population estimée à près de 1 million et demi de personnes, en la privant de tous ses besoins vitaux. Ainsi, pour le 25e jour consécutif et jusqu'à nouvel ordre, le gouvernement israélien maintient la fermeture de l'ensemble des points de passage avec l'étroite bande côtière, sans se soucier de tous les appels émanant d'institutions internationales exigeant l'arrêt immédiat de l'embargo total. Les roquettes artisanales tirées depuis la bande de Ghaza sur les localités israéliennes sont le prétexte présenté par le gouvernement israélien afin d'imposer cet embargo, même si ces roquettes font plus de peur que de mal. Le mouvement Hamas, le seul qui a la capacité d'arrêter de tels tirs, a maintenu le calme au niveau de la frontière avec l'Etat hébreu durant plus de 4 mois. Une accalmie d'une durée de 6 mois avec Israël avait été conclue sous le parrainage de l'Egypte. Dans plusieurs cas, ces hommes armés ont empêché par la force de tels tirs qui n'ont repris qu'après une série d'agressions israélienne armes contre des éléments du mouvement islamiste. Alors qu'il traitait de collaborateur toute personne qui critiquait les tirs de roquettes, le Hamas justifiait cette nouvelle politique par la sauvegarde des hauts intérêts du peuple palestinien. Officiellement, l'accalmie, qui se limite à la seule bande de Ghaza, prend fin au mois de décembre. Des observateurs voient que par ces nouvelles pressions sur la population de la bande de Ghaza, l'Etat hébreu tient à améliorer, encore plus, les conditions d'une prochaine accalmie. La population ghazaouie continuera de souffrir des pénuries multiples qui altèrent fortement son mode de vie. A cause du manque de carburant industriel, la seule station électrique du territoire ne pourra produire de courant électrique, ce qui continuera à peser fortement sur tous les secteurs vitaux, telles la santé, la distribution de l'eau courante, les stations de pompage des eaux usées d'où la crainte d'une catastrophe écologique et sanitaire, les transmissions ainsi que l'agriculture. Le manque de gaz domestique a ses influences sur l'ensemble de la population. Pour manger, les Palestiniens, ceux qui ont les moyens, achètent des plats prêts ; d'autres, la majorité, cuisinent en usant de moyens archaïques, révolus depuis très longtemps. L'autre dossier, qui affecte le plus les Palestiniens, est celui des divisions qui ne cessent de s'approfondir. Moussa Abou Marzouk, membre du bureau politique du mouvement islamiste Hamas, a réitéré la position de son mouvement de ne plus reconnaître la légitimité de Mahmoud Abbas en tant que président de l'Autorité palestinienne, après le 8 janvier, date à laquelle prend fin son mandat de 4 ans. Pour sortir de la crise, Abbas avait appelé à des élections législatives et présidentielles concomitantes. Les ministres arabes des Affaires étrangères, réunis mercredi au Caire, avaient refusé de faire porter la responsabilité des différends palestiniens à l'une des parties en conflit, le Fatah et le Hamas, mais ont demandé au Président de rester à son poste jusqu'à la conclusion d'un accord, ce que semble refuser le mouvement islamiste qui risque de nommer dès le 9 janvier Ahmad Bahar, le président par intérim du Conseil législatif, dont il détient la majorité absolue au poste de président de l'Autorité palestinienne. Le mouvement Hamas vient de prendre la décision d'empêcher plus de 3000 pèlerins inscrits au niveau du ministère des Affaires religieuses du gouvernement installé à Ramallah en Cisjordanie occupée, de se diriger vers les Lieux saints en Arabie Saoudite. Il exige d'envoyer un nombre semblable de pèlerins inscrits au niveau de son ministère installé à Ghaza. Ces futurs hadjis qui n'ont rien à voir dans les problèmes du Hamas et du Fatah, se voient donc punis par le mouvement Hamas d'avoir essayé d'accomplir leur pèlerinage avec l'aval du gouvernement Salam Fayad et non pas celui d'Ismail Haniyeh, installé à Ghaza. Cette atmosphère empoisonnée fait craindre qu'on est plus près que jamais d'un véritable divorce entre les deux principales forces palestiniennes. Pour les Palestiniens, hélas, le calvaire continue.