Le mouvement islamiste Hamas, maître des lieux après son putsch armé de la mi-juin dans la bande de Ghaza, a déployé d'énormes moyens pour empêcher la prière de vendredi dans les places publiques à laquelle ont appelé les différentes factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à leur tête le Fatah, dont le chef est le président Mahmoud Abbas. La décision de cette interdiction a été prise par le gouvernement Hamsaoui limogé suite au coup de force. La Force exécutive a promis de réprimer d'une « main de fer » les contrevenants, tandis qu'Abbas a lancé un appel au calme tout en accusant le Hamas d'utiliser les mosquées à des fins politiques. « Nous invitons les fidèles à éviter tout heurt et toute confrontation avec les putschistes et les milices armées qui n'ont pas peur de soumettre nos citoyens à l'oppression la plus odieuse », a-t-il dit. Le Fatah a annoncé qu'il ignorerait l'interdiction, jugeant que « personne n'a le droit de s'immiscer dans les dévotions des fidèles », exhortant ses partisans à se mobiliser en masse. Dès le matin, plusieurs heures avant l'horaire du rassemblement qui, deux vendredis de suite, a suscité l'engouement de dizaines de milliers de citoyens qui y voyaient une occasion d'exprimer leur refus à la politique de diktat que mène le mouvement islamiste dans ce territoire. Ce dernier a déployé des milliers de ses fidèles dans les rues de toutes les villes et camps de réfugiés afin de les empêcher d'arriver aux places désignées. Armés de fusils automatiques et de gourdins, les hommes de la Force exécutive connus pour leur brutalité étaient postés aux croisements des rues menant aux lieux de rendez-vous. Certaines rues ont été complètement interdites à la circulation. Même pour les piétons, toute personne semblant se diriger vers une place où devait se tenir la prière était arrêtée, questionnée et tabassée sans tenir compte de son âge ou de sa profession. Passage à tabac Sept journalistes palestiniens travaillant pour des médias étrangers ont été pris à partie par les hommes du Hamas. Deux d'entre eux ont été passés à tabac d'une façon féroce devant les caméras de télévisions, pour celles qui ont réussi à « voler » quelques images de cette brutalité inexplicable, sinon par une grande haine envers toute personne n'appartenant pas au mouvement islamiste. Les cinq autres ont été arrêtés puis relâchés quelques heures plus tard. Mais l'évènement qui a semblé dépasser toutes les lignes rouges a été l'arrestation du docteur Zakariya Al Agha, membre du comité exécutif de l'OLP, l'instance suprême du système politique palestinien. De hautes personnalités ainsi que pas moins de dix militantes, en sa compagnie, ont été arrêtées aussi, ce qui a constitué une première dans le conflit opposant le Hamas au Fatah, principalement et aux autres factions de l'OLP. En fin de compte, la prière qui devait se tenir dans la place d'Al Katiba, où étaient rassemblées des dizaines de milliers de personnes la semaine d'avant n'a pas eu lieu. L'oppression et la brutalité envers les citoyens dans d'autres villes et camps de réfugiés de la bande de Ghaza étaient similaires. Outre ses matraques, la milice policière du mouvement Hamas a fait usage de grenades à percussion et ouvert le feu pour disperser les protestataires, faisant une vingtaine de blessés. En soutien à la population de la bande de Ghaza, des prières dans les places publiques ont été tenues dans toutes les villes de la Cisjordanie. « La bande de Ghaza vit une époque obscurantiste et les putschistes ont creusé leurs tombes de leurs mains. Leur appartenance au peuple palestinien qui a milité des dizaines d'années pour sa liberté est une honte », a déclaré le président Mahmoud Abbas avant de renouveler son soutien à la population ghazaouie. Par ailleurs, les factions de l'OLP dont le Fatah, réunis dans la soirée de vendredi, après une longue journée d'incidents, ont appelé à une grève générale samedi, la première du genre depuis que la bande de Ghaza est passée sous la domination du Hamas. Malheureusement, une journée plutôt, 10 palestiniens, qui faisaient face au véritable et seul ennemi israélien, ont été tués alors que des dizaines d'autres ont été blessés. Quatre militants ont été tués à l'est de Khan Younès, au sud de la bande de Ghaza, lors d'une incursion de l'armée de l'Etat hébreu. Six autres sont tombés à l'est du camp de réfugiés d'Al Maghazi, au centre de ces territoires palestiniens, à la suite d'un accrochage armé avec les soldats d'un point militaire israélien proche de la frontière. Cinq des résistants appartiennent aux Brigades des martyrs d'Al Aqsa, la branche militaire du Fatah alors que le sixième est un combattant du Djihad islamique. Ainsi, alors que des menaces sérieuses pèsent sur la bande de Ghaza, qui risque d'être réoccupée par Israël, qui veut coûte que coûte faire cesser les tirs quotidiens de roquettes palestiniennes sur son territoire, le Hamas ne trouve pas mieux que de déployer des milliers de ses hommes armés dans les rues de Ghaza pour empêcher les gens de prier en plein air et non pas dans les mosquées que certains citoyens en désaccord avec sa politique, qualifient de centres de publicité et de démagogie en faveur du parti islamiste.