Il est 5h 08 quand une très forte explosion déchire le silence au cœur de la ville de Tizi Ouzou. Des colonnes de fumée montent dans le ciel, tandis que le son des sirènes des ambulances et de la Protection civile retentit. Un attentat suicide a été perpétré. La cible : le siège de la direction des renseignements généraux de Tizi Ouzou, sis au boulevard des Chouhada, cité les Eucalyptus, face à la caserne militaire. L'attaque a fait 25 blessés, dont 8 policiers, 4 militaires et 13 civils, a-t-on appris de sources hospitalières. La foule s'est rapidement agglutinée derrière le cordon de sécurité mis en place juste après l'attentat. La police scientifique s'affaire dans la recherche d'indices sur ce qui reste du véhicule du kamikaze, un fourgon J5 blanc, immatriculé à Boumerdès, réduit en pièces. Tizi Ouzou. De notre bureau Des éclats de verre, des branchages et des débris jonchent le sol. Le long des trottoirs, une dizaine de véhicules, endommagés, sont couverts de poussière noirâtre. La détonation a complètement dévasté le centre des renseignements généraux comme elle a également détruit plusieurs façades des bâtiments mitoyens. La partie extérieure du bâtiment A s'est partiellement effondrée. Sur les lieux, des habitants, toujours sous le choc, se précipitent vers le secrétaire général de la wilaya, qui s'est rendu sur les lieux vers 8h15, lui demandant des assurances quant à la réparation des dégâts. Il a tenté de les rassurer en expliquant, au milieu d'une foule compacte, que ses services vont ouvrir un dossier et enregistrer toutes les familles touchées. Aussi, une cinquantaine de véhicules, dont 15 voitures appartenant à des policiers, stationnées dans la cour du célibatorium, ont été touchées. Fort heureusement, le célibatorium qui a été soufflé, presque dans sa totalité, a été évacué de ses résidents ces derniers jours. La toiture de la bâtisse ciblée a été complètement dévastée. Sur l'autre bord de la route, une bonne partie du mur de la clôture de la caserne militaire s'est écroulée sous l'effet du souffle de l'explosion. Sur un rayon de plusieurs centaines de mètres, les vitres des immeubles ont été soufflées. Toujours dans la cité des Eucalyptus, un jeune d'une trentaine d'années a été éjecté carrément du 2e étage du bâtiment sous l'effet de la déflagration. Il s'en est sorti avec des fractures à l'épaule, au bassin et au niveau du cou. Il est toujours sous observation médicale. Outre les éléments de la police judiciaire qui étaient en renfort sur place, le dispositif sécuritaire a été nettement renforcé aussi bien aux alentours du lieu de l'attentat qu'au centre-ville. Les forces de l'ordre essayaient d'éloigner les citoyens derrière le cordon de sécurité. « Non, il ne faut pas entrer. Laissez la police scientifique faire son travail », lance un policier à l'endroit des passants, curieux de découvrir les dégâts de l'attentat. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, et le patron de la DGSN, Ali Tounsi, se sont rendus sur les lieux de l'attentat à 9h10. A peine arrivés, les deux responsables se sont dirigés vers l'immeuble le plus touché, et ce, avant de visiter la bâtisse ciblée. Ils ont rassuré les habitants et constaté l'ampleur des dégâts. « Nous allons prendre en charge en urgence les familles touchées », a laissé entendre M. Zerhouni, qui a ensuite rallié, en compagnie du DGSN, l'hôpital afin de s'enquérir de l'état de santé des blessés. Alité, l'un des policiers blessés dira : « Le bilan aurait pu être catastrophique. Il y avait plus de 60 policiers à l'intérieur de la bâtisse. Moi, je devais rejoindre mes collègues au nouvel hôtel de police, aujourd'hui. Je venais de rentrer d'un congé de maladie. Donc, puisque je suis arrivé de la maison un peu tard dans la soirée, j'ai dû passer la nuit dans le célibatorium pour récupérer mes affaires, le matin. » Ce policier, âgé de 35 ans, est originaire de Tébessa et en exercice à Tizi Ouzou depuis deux ans. Dans la même salle des urgences, au CHU Nedir Mohamed, un autre élément des services de l'ordre encore sous le choc, qui était de service cette nuit-là, dira : « Lors de l'explosion, j'ai pensé immédiatement à un tremblement de terre. Mais, quand je suis sorti à l'extérieur, j'ai constaté qu'il s'agissait finalement d'une bombe. » Au service de réanimation, une femme de 36 ans a été admise en raison de plusieurs blessures. Elle habite le bâtiment Djurdjura, à 50 mètres du boulevard des Chouhada, qui a été sérieusement ébranlé par l'explosion. Huit blessés étaient encore sous observation hier après-midi, et un seul devait subir une intervention chirurgicale, a-t-on appris de sources hospitalières. H. Azzouzi, Nordine Douici