De notre correspondant à Bouira Riadh Houari 24 heures à peine après l'attentat suicide qui avait ciblé, mardi dernier, l'école de la Gendarmerie nationale aux Issers, dans la wilaya de Boumerdès, la folie meurtrière des groupes terroristes vient de frapper le chef-lieu de Bouira avec un double attentat suicide contre un autocar, transportant des ouvriers de la société canadienne SNC Lavalin Maghreb, stationné devant l'hôtel Sofy de Bouira, et le siège du centre des opérations du secteur militaire situé dans le quartier la Cadat dans la ville de Bouira. Ce double attentat a été perpétré à dix minutes d'intervalle aux environs de six heures et a fait, selon le bilan donné par le directeur de la santé, 12 morts et 44 blessés, dont neuf ont été évacués vers des structures hospitalières de la région et de la capitale. La première bombe a explosé au niveau de l'hôtel Sofy, situé près du siège de la cour de Bouira et du centre universitaire. A notre arrivée sur les lieux, le spectacle est des plus horribles. La chaussée est jonchée de bouts de ferraille et de débris. La police scientifique ainsi que les services de sécurité étaient occupés à évacuer les victimes avant de se mettre au travail pour réunir toutes les pièces nécessaires à l'enquête. Des morceaux de chair ont été éjectés par l'explosion à des dizaines de mètres. Nous avons appris sur place qu'une partie de la tête du terroriste a été trouvée et que les restes du véhicule, une Renault Clio immatriculée à Blida, ont été éparpillés dans toutes les directions. Face au refus des agents de sécurité de donner des détails sur l'attentat, le gérant de l'hôtel Sofy a déclaré aux nombreux journalistes et reporters dépêchés sur place qu'il y avait au moins onze morts parmi un groupe d'ouvriers de la société canadienne Lavalin qui réalise la station de transfert des eaux, dans la commune de Djebahia, en amont du barrage Koudiat Acerdoune. Ces derniers venaient de monter, comme chaque matin, à bord d'un autocar loué par ladite société et s'apprêtaient à rejoindre leur lieu de travail quand le véhicule piégé arriva en toute vitesse et percuta l'autocar par l'arrière. Le choc a été suivi par une violente explosion entendue à plusieurs kilomètres à la ronde. Le souffle de la bombe a fait voler en éclats les vitres des immeubles voisins et celles de l'hôtel, alors que les boutiques situées au rez-de-chaussée de l'hôtel ont été fortement endommagées. Tout de suite, les secours se sont organisés avant l'arrivée des premiers véhicules des services de sécurité et de la Protection civile ainsi que des ambulances, pour secourir les victimes. 10 jeunes, âgés entre 20 et 30 ans, trouvèrent la mort sur le coup. M. B. nous a déclaré que les terroristes visaient son hôtel car ils pensaient y tuer des étrangers. En une fraction de seconde, raconte un témoin sur place, une seconde explosion retentit de l'autre côté de la ville. C'est la panique générale parmi les travailleurs de l'hôtel Sofy. Les habitants de Bouira avaient du mal à réaliser ce qui venait de se passer. Le secteur militaire était la deuxième cible du second attentat suicide. Tout le monde en parlait. Selon nos sources, le terroriste, qui a été déchiqueté par la bombe, était arrivé à bord d'une voiture de type Renault Kongo bourrée d'explosifs, qui, en arrivant devant la porte principale de la bâtisse bordée par des balises de sécurité, a explosé. La puissance de la déflagration a causé la destruction d'une partie du mur de clôture et du poste de contrôle. En face, un autre mur de clôture et les fenêtres de plusieurs immeubles de la cité militaire ont été soufflés par l'explosion. Deux villas appartenant à des particuliers ont subi le même sort. Les services de sécurité ont demandé aux journalistes de ne prendre aucune photo sur les lieux du drame. Au même moment, les éléments de la police scientifique s'affairaient à ramasser toutes les pièces et les débris du véhicule du terroriste dont les morceaux de chair ont été récupérés à des dizaines de mètres plus loin. Des témoins ont affirmé qu'il y avait des blessés parmi les militaires et les familles de ces derniers, du fait que, juste après la première explosion, tout le monde s'est précipité vers les fenêtres. Par ailleurs, le ministre de la Santé, Saïd Barkat, s'est rendu sur les lieux de l'attentat, dans l'après-midi d'hier, avant de rendre visite aux 33 blessés à l'hôpital Boudiaf. Dans sa déclaration à la presse, il a affirmé que «l'Algérie demeurera debout et que l'Etat va prendre en charge les victimes» et a exprimé ses condoléances à leurs familles.