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Abdelhak Lamiri. Économiste
« Les charges fiscales sont lourdes »
Publié dans El Watan le 19 - 12 - 2004

Docteur en sciences de gestion de l'université de Californie aux Etats-Unis, l'économiste Abdelhak Lamiri aborde le rôle du secteur privé dans l'économie nationale.
Que pèse aujourd'hui le secteur privé algérien dans l'économie nationale ?
Le secteur privé algérien contribue actuellement à hauteur de 50% du produit intérieur brut hors hydrocarbures (PIB - hors hydrocarbures). Cela étant, son poids dans l'économie nationale reste encore réduit, car en économie de marché la part des entreprises privées doit représenter jusqu'à 90% du PIB.
Quelle est la principale composante du secteur privé national en termes de taille d'entreprises ?
En Algérie, les grandes entreprises privées sont rares. Le secteur privé algérien est composé à plus de 80% de petites et moyennes entreprises (PME), car la création de ce type d'entreprises ne demande pas trop de ressources financières.
A s'en tenir aux données officielles, les opérateurs privés ne contribuent que très faiblement aux recettes de la fiscalité ordinaire. Qu'en est-il, selon vous ?
Le secteur privé algérien est un secteur qui démarre et il assure quand même la moitié du PIB hors hydrocarbures. S'il est vrai que sa part dans la fiscalité ordinaire reste faible, c'est surtout parce que les charges fiscales et parafiscales qui sont imposées aux entreprises sont excessivement lourdes. L'on établit souvent des comparaisons avec la Tunisie, mais l'on oublie de préciser que les charges imposées à une PME algérienne sont de 50 à70 % supérieures à celles qu'assume une PME tunisienne.
N'est-il pas également vrai que le phénomène de l'évasion fiscale est pour ainsi dire répandu dans la sphère économique privée ?
C'est vrai qu'il y a des opérateurs malhonnêtes qui ne s'acquittent pas de leurs charges. Toutefois, le véritable problème en ce domaine réside dans le poids excessif des charges fiscales et parafiscales que doivent payer les entreprises. Les charges patronales qui sont de plus de 35%, les cotisations à la sécurité sociale et à la CASNOS sont trop lourdes. Si l'entreprise s'acquitte effectivement de toutes ces charges, elle ne pourra pas résister et risque carrément de disparaître. Il est donc difficile en ce cas d'être réglo, ce pourquoi d'ailleurs l'Etat ferme un peu l'œil sur certaines pratiques d'évasion fiscale.
Quelles sont, selon vous, les actions à préconiser pour favoriser le développement du secteur privé national ?
Pour promouvoir le rôle du secteur privé, l'Etat doit revoir les charges qui sont imposées aux PME. Il est également nécessaire de réformer le secteur bancaire pour améliorer l'accès au financement de l'investissement. Le secteur de la PME n'accède actuellement qu'à environ 20% des crédits bancaires alloués à l'économie, alors que sa part doit être de quelque 80%. Il faut, en ce sens, opérer une nécessaire mise à niveau de l'environnement de l'entreprise, résoudre le problème de l'économie informelle et mettre en place une structure locale de mise à niveau des entreprises. Car il ne faut pas croire qu'on peut mettre à niveau les entreprises algériennes avec les 60 millions d'euros que prévoit le programme européen.


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