L'Algérie, en l'absence de meneurs de locomotive, traîne encore lamentablement la patte autour d'une transition, dont l'issue semble lointaine. C'est donc clair, net et précis. La réussite de la transition économique est conditionnée par un management de qualité, à en croire l'invité de l'Expression, Abdelhak Lamiri. C'est une condition qui ne peut être contestée. C'est pourquoi l'Algérie, en l'absence de meneurs de locomotive, traîne encore lamentablement la patte autour d'une transition, dont l'issue semble lointaine. Effet direct: les institutions sombrent dans un cercle vicieux, alors qu'elles sont censées être au centre de la réforme et au coeur de la transition. Pour Abdelhak Lamiri, l'Algérie n'a plus le choix. Elle est appelée à mettre à niveau sa ressource humaine et à revaloriser une université et un système d'enseignement carrément sinistrés. Au lieu de cela, pense le président-directeur général de l'Insim, on assiste à l'inversion de la tendance au profit des nominations politiques à la tête des institutions et des secteurs névralgiques de l'économie nationale. «C'est ce qu'on appelle, en économie, un problème de sociologie politique», estime Abdelhak Lamiri, expert et docteur en sciences de gestion. Et il parle en connaissance de cause. Ce qui le choque le plus, c'est le négativisme affiché face au phénomène de la fuite des cerveaux algériens, pêchés souvent par des entreprises étrangères «chercheuses de têtes». Pourquoi nos cadres réussissent-ils ailleurs? C'est à cette question qu'il faudra répondre pour trouver la clé de voûte. «C'est parce qu'ils sont pêchés à l'état brut, recyclés; ils deviennent par la suite des compétences de haute qualité», répond notre invité qui, lui aussi, fait partie de l'élite algérienne formée ailleurs, plus exactement à l'université de Californie, aux Etats-Unis d'Amérique. En Algérie, c'est la confusion permanente. «On croyait encore qu'on en avait fini avec la transition et qu'il était temps de s'attaquer au développement économique, alors que le chantier de la réforme des institutions et la qualification des ressources humaines n'a pas encore commencé. C'est comme si l'on construisait une belle villa sur des bases très fragiles», fera comprendre aussi notre invité. Il est donc évident pour lui qu'une mise à niveau d'une entreprise et/ou une économie passe inévitablement par la qualification des ressources humaines. En Algérie, c'est le divorce total entre l'université et les besoins du marché du travail. Abdelhak Lamiri invite l'Etat algérien à investir plus d'argent dans l'enseignement et la qualification de ses ressources humaines plus que «de l'injecter dans des entreprises destructrices de richesses». Il n'y a pas de solution miracle! La recette: s'engager dans le jumelage des universités, le partenariat et encourager la mise sur pied des écoles et universités privées. Les Marocains et les Tunisiens ont réussi avec des universités à la fois publiques et privées. Au sein même de l'université algérienne, l'enseignant, à titre d'exemple, n'est pas au même niveau de rémunération qu'un Mauritanien (900 euros) ou un Marocain (à environ 1500 euros). Les universitaires algériens, quant à eux, n'en sont qu'à 500 ou 600 euros. Résultat de cette nonchalance, l'Algérie a perdu en une quarantaine d'années quelques 700 milliards de dollars. Dans les années 60, l'Algérie avait le même PIB (Produit intérieur brut) que la Corée du Sud. 40 ans plus tard, le PIB algérien est à environ 130 milliards de dollars par an, tandis que celui de la Corée du Sud est à 830 milliards de dollars. Sans commentaire!