En l'espace de deux mois, plus d'une dizaine d'attaques armées contre notamment des douaniers et des guides de l'ANP ont été enregistrées au sud du pays, notamment dans l'axe situé entre Ouargla et Illizi, apprend-on de source sécuritaire, faisant au moins une dizaine de victimes. Pour nos sources, il n'y a pas de doute quant à l'identité des auteurs. Il s'agit d'un groupe de terroristes appartenant au GSPC et agissant sous la houlette de Mokhtar Belmokhtar connu sous le pseudonyme de Belaouar. Après son écartement de la direction de l'organisation et son remplacement par Abderrazak El Para, Belmokhtar s'était retiré pour s'installer au nord du Mali, où il avait tissé des liens avec les notables de la région. L'arrestation de son chef par les rebelles tchadiens et sa remise aux autorités algériennes, par l'intermédiaire des Libyens, ont poussé Belaouar à reprendre son poste à la tête de la région VI, englobant les villes du sud. Selon nos interlocuteurs, Belmokhtar a réussi à rallier à lui les proches de Abderrazak El Para et avait pour objectif de réorganiser ses troupes « déstructurées » après les coups durs assénés par les services de sécurité. En effet, ces derniers, dans la discrétion la plus totale, ont réussi à localiser les lieux où était caché l'important arsenal militaire acquis par Abderrazak El Para grâce à l'argent versé par le gouvernement allemand pour la libération des otages occidentaux durant l'été 2003. Bien caché dans les grottes des montagnes rocheuses de Tamelkit, situées au nord de Illizi, cet armement était composé de kalachnikovs, de lance-roquettes, de grenades et même de missiles antichars avec des batteries de lancement ainsi que du matériel de communication satellitaire. D'importantes quantités de provisions alimentaires (pour une année au moins) et de médicaments que les terroristes ont pris le soin de cacher dans des endroits différents, ont été retrouvées. Ce sont les unités spéciales de l'ANP qui ont été dépêchées sur les lieux pour mener cette opération au tout début du Ramadhan. Ce lieu devait servir de quartier général au GSPC, après la débâcle de Abderrazak El Para, à la suite de la prise en otages des touristes occidentaux. Sa situation géographique et son éloignement par rapport aux zones habitées font de lui une véritable zone de repli pour l'organisation terroriste. Sa neutralisation par les forces de sécurité a faussé tous les calculs de Belmokhtar, le poussant à opter pour un mode d'activité qui se rapproche de celui de la guérilla urbaine. De petits groupes armés de cinq éléments seulement, très mobiles possédant des moyens de communication par satellite (Thuraya) et procédant à des attaques très ciblées notamment contre les gardes frontières, les douaniers, les guides que les troupes de l'ANP utilisent lors des opérations de recherche, et les véhicules de Sonatrach. Cette nouvelle donne inquiète, à un très haut niveau, la hiérarchie militaire dans la mesure où toute offensive armée est vouée à l'échec. « Comment voulez-vous contrôler un territoire grand comme la France avec des unités classiques de combat ? De plus, vous avez en face un ennemi qui connaît très bien la région. Nos unités commencent à peine à avoir une idée sur cette immensité désertique. Certes, elles connaissent parfaitement le Sud-Ouest du fait des problèmes avec le Maroc et la contrebande. Cependant, le Sud-Est, dont le relief est beaucoup plus complexe et difficile, est resté pendant longtemps méconnu militairement. Ce n'est que depuis l'affaire de la prise en otages des touristes que les services de sécurité se sont déployés dans la région en force et commencent à connaître ses points forts et ses points faibles. Pour la maîtriser, il faut des moyens humains colossaux et des équipements de télécommunication assez sophistiqués... », ont déclaré nos interlocuteurs. En attendant, les hordes de Belmokhtar, assez réduites en nombre, continuent à sévir et à faire des victimes comme cela a été le cas, jeudi dernier, à Touggourt, wilaya de Ouargla, où une patrouille mobile des douanes a fait l'objet d'une attaque armée ayant coûté la vie à un douanier. Selon des sources sécuritaires, cette patrouille chargée de la lutte contre la contrebande était en mission de contrôle, lorsqu'elle s'est approchée d'un véhicule de type 4x4 à l'arrêt. Subitement, les douaniers ont reçu plusieurs tirs de kalachnikov, touchant mortellement un des leurs. Les autres ont réussi à prendre la fuite pour alerter les forces de sécurité. Arrivées sur les lieux, celles-ci ont retrouvé le véhicule des douanes criblé de balles et la victime délestée de son arme et de son poste radio.