Lors de son passage hier au forum de l'ENTV, le ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, a indiqué que le nombre des dossiers des moudjahidine en cours de régularisation ne dépasse pas les 1000. La réponse de Mohamed Cherif Abbas n'a pas convaincu l'assistance dans la mesure où il s'est montré dans l'incapacité de donner le chiffre exact des moudjahidine et des veuves de chahid. Visiblement irrité par la question d'un journaliste en rapport avec le dossier, le ministre des Moudjahidine a répliqué sèchement : « Je ne suis pas le comptable de l'Etat et je ne suis pas un employé du Trésor public pour connaître le nombre exact des Moudjahidine, des veuves de chahid et le montant des pensions qu'ils perçoivent. Posez plutôt cette question à la commission des finances. » Il a trouvé, en outre, exagéré le fait que les journalistes insistent sur « ce sujet qui ne mérite pas, à mon avis, autant d'intérêt ». Au cours de son intervention ayant pris l'allure d'une grande mise au point, l'orateur a tenu aussi à préciser que le 10e congrès de l'ONM n'a jamais revendiqué une augmentation des pensions des moudjahidine. Cela dans la mesure, a-t-il dit, où ces derniers n'ont rien demandé.Abordant la question des harkis, le ministre a indiqué que les harkis n'ont plus la nationalité algérienne et que, par conséquent, « ils ne sont pas des nôtres. Ils ont leur religion et nous avons la nôtre », a-t-il souligné. Le conférencier a ajouté que la réconciliation nationale n'englobe nullement les harkis. Pour ce qui est des pieds-noirs, M. Abbas a indiqué que ces derniers ont obtenu des visas d'entrée en Algérie en tant que visiteurs. En somme, une démarche normale selon lui, « puisque les touristes ont le droit de se rendre dans notre pays ». « En ce qui nous concerne, nous avons certes tourné cette page (pieds-noirs), mais nous ne l'avons pas déchirée. Il faut aujourd'hui penser au futur », a déclaré le représentant des moudjahidine. Par ailleurs, le conférencier s'est gardé de donner son point de vue sur la signification à donner à la sentence du président Bouteflika prônant « la fin de la légitimité révolutionnaire dans l'exercice du pouvoir ». « Chacun a le droit d'interpréter cette phrase à sa manière et si vous voulez connaître le vrai sens de celle-ci, il suffit de vous adresser à son propriétaire. Demandez au président de la République, il vous donnera plus de détails. Moi, je n'ai aucune explication à vous proposer », a-t-il lancé. L'autre sujet « sensible » abordé lors du forum de l'ENTV a trait aux faux moudjahidine. D'emblée, le ministre a accusé certains quotidiens de donner « des proportions démesurées » à cette affaire. Il laissera entendre néanmoins que son département est impuissant face à cette problématique. « Vous ne cessez de ressasser ce sujet. Les dépassements datent de 1962 et non pas d'hier. Nous avons tenté de corriger certaines situations, mais il faut savoir que nous n'avons pas un statut d'administration, donc nous ne pouvons pas enquêter. Cette mission revient aux moudjahidine qui doivent apporter leur témoignage et aussi à l'organisation des moudjahidine », a affirmé le ministre. Et outre de réfuter l'appellation de « faux moudjahidine », il précisera que les dépassements existent dans tous les secteurs. Cela dit, il se montrera favorable à l'ouverture d'une enquête « dans toutes les wilayas pour connaître, avec l'aide des moudjahidine, les gens qui ont trafiqué les papiers ». Evoquant le travail de mémoire et les recherches en cours sur la question des archives de la Révolution, le ministre a soutenu que la France refuse toujours de rendre à l'Algérie ses archives. Dans la foulée, M. Abbas a annoncé que son département a demandé au ministère de la Justice l'autorisation de disposer du pénitencier de Serkadji afin de transformer cette prison en musée.