Les nombres de faux moudjahidine avancés par certains personnes sont fictifs et le nombre de martyrs de la Révolution (chouhada) dépasse largement le chiffre officiel. » C'est ce qu'a affirmé le ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas. Sons secteur étant au centre d'une polémique suscitée par les députés du RCD à l'occasion du débat général sur la loi de finances 2009, le ministre semble vouloir remettre les pendules à l'heure. Sans s'appuyer sur les chiffres réels des moudjahidine et des chouhada, sans doute disponibles au niveau de son département, Mohamed Chérif Abbas tente de couper court à ce débat « insensé ». Il commence par le nombre des chouhada. « Les martyrs de la Révolution se comptent par millions. La France a lancé un soupir de soulagement quand l'Etat algérien a donné le chiffre de 1,5 million de chouhada. Parce qu'elle sait que le nombre de victimes de ses atrocités était largement plus important », lance-t-il lors de son intervention hier sur les ondes de la Chaîne I de la Radio nationale. Pour lui : « Ceux qui doutent de la véracité des chiffres des chouhada le font sans preuves et sans fondement. » « Je pense que la polémique autour de cette question fait plus de mal à ceux qui la suscitent que de bien », estime-t-il. Même chose pour la question des faux moudjahidine : « Je le dis avec certitude. Les chiffres des moudjahidine faussaires avancés jusque-là sont également fictifs. Pour nous, ce dossier est clos », précise-t-il. En plus, dit-il, ce dossier n'a jamais été sensible. « Même aux temps de Boumediène, Chadli et Zeroual, ce dossier n'a pas été considéré comme étant sensible pour le placer sous la responsabilité du président de la République. L'Exécutif s'en est toujours bien occupé », explique-t-il. Et d'ajouter : « Ce sont les écrivains et la presse qui le considèrent comme un dossier sensible et ouvert. » Précisant que son département est prêt à recevoir « tout dossier fondé et le traiter sérieusement », Mohamed Cherif Abbas déclare que son ministère avait déjà réagi à certains rapports sur des faux moudjahidine émanant des communes et des responsables locaux et « les erreurs ont été réparées ». « Les faussaires se sont vu retirer leur carte de moudjahid et l'argent dont ils ont bénéficié a été restitué au Trésor public », assure-t-il. Le ministre critique dans ce sens les organisations de la famille révolutionnaire qui, explique-t-il, ne se dotent pas d'arguments scientifiques et convaincants pour défendre la Révolution et faire passer ses messages. Le ministère, ajoute-t-il, est prêt à aider les chercheurs et les écrivains pour publier leurs travaux sur ce thème. « Nous avons déjà publié plus de 300 ouvrages. Le ministère s'engage à assumer les charges de la publication des travaux faits sur l'histoire », indique-t-il. Revenant sur la question des archives de la Révolution, l'orateur déplore que celles existant actuellement ne sont pas exploitées. Il invite, dans ce sens, les familles qui sauvegardent à leur niveau des archives de la Révolution à les remettre aux centres des archives. Les archives qui se trouvent actuellement en France et dans d'autres pays, poursuit-il, « sont la propriété de l'Algérie », précisant qu'il faut trouver une solution consensuelle pour les rapatrier et les mettre au service de « la mémoire collective des Algériens ». Le ministre appelle aussi l'ancienne puissance coloniale à remettre rapidement les archives concernant les essais nucléaires pour permettre à l'Algérie de traiter les zones touchées.