Fasciné par le site, l'artiste peintre français Alexis de Broca en fit une toile qui doit orner le mur d'un musée ou celui de la demeure d'un notable, quelque part dans l'Hexagone ou, peut-être, ailleurs... Marsat Ben M'hidi, appelée toujours Port Say, en référence à l'officier français Louis Jean-Baptiste Say qui explora les lieux en 1886 avant de s'y installer en 1900. Quelques années plus tard, des Arabes, des Berbères, des colons français et des Espagnols s'y côtoyèrent... Mais depuis, hormis la beauté naturelle, la commune, connue et appréciée pour ses trois plages (plage de la ville, Moscarda 1 et 2), s'est véritablement dégradée ; des constructions démesurées, ruelles poussiéreuses, infrastructures d'accueil dépassées et insuffisantes. Cependant, malgré tous les avatars, les estivants de toutes les régions du pays ne peuvent rester indifférents. Lundi 14 h, la mer est houleuse et même le drapeau rouge de la Protection civile ne dissuade pas les baigneurs. « 400 DA ! », dit une voix fluette, alors qu'on occupe un parasol et une chaise. Et nous qui croyions que c'était offert... Fichtre ! Les vagues rejettent une substance noirâtre. Qu'à cela ne tienne, on fait trempette, histoire de se dire que les vacances, on y a goûté aussi. Brrr ! Le bermuda ne tient pas. Quelques rires étouffent le bruit enragé des lames toujours déchaînées. « Ya rassoul Allah ! » Un jet-ski passe comme un bolide n'ayant cure du sifflet du maître nageur. « C'est un émigré, il se croit sur la côte d'Azur. » Sur la gauche à une centaine de mètres, nos voisins marocains nous saluent. Il est vrai que les deux plages sont séparées par une rivière polluée. Nous humons le même air et nous sommes bercés par les mêmes vagues mais, à Saïdia, il y fait bon vivre. Le sable est entièrement occupé. C'est « hajouj oua majouj ». Nous quittons la plage, avec en guise de bronzage de quelques heures, des points noirs sur le corps. C'est comme si nous sortions d'une mine. Ouallah ! Enfin presque... Les douches payantes sont bondées. Deux hôtels donnent sur la mer derrière des camps de familles d'où exhale l'odeur du thé et des beignets. L'allée est grouillante. Des agents de la police sillonnent les rues. C'est sécurisant. Quelques mètres plus loin, l'unique station-services est happée par des automobilistes, dont certains sont suspects avec leur véhicule Mercedes et Renault 25. Dans cette contrée, le trafic du carburant est une malédiction pour les uns et une source de richesse pour les autres ... Nous nous attablons sur la terrasse d'un semblant de café. « Ici, même les autochtones louent leur maison et garage pendant l'été, et ce n'est pas donné », confesse un citoyen, qui dit aussi que « la région ne vit que pendant cette période et c'est normal qu'on en profite ». 18 h, et il fait toujours chaud. Des taxis et des transporteurs collectifs sont alignés sur l'avenue principale. Ils se disputent les clients. « Vous avez, au moins, un poste-radio ? », avons-nous osé. « J'ai nannak ! », a-t-il riposté sans nous regarder. Et dire que sur les plages, les nerfs sont rafraîchis... Nous quittons Marsat Ben M'hidi à bord d'un Karsan, plutôt un Mig, sur les airs de Sidi h'bibi ya dellali... Vive les vacances...