Le système de régulation des produits à large consommation (Syrpalac) lancé par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, début juillet dernier, pour stabiliser le prix de la pomme de terre commence à porter ses fruits. Près de 100 000 t de ce produit agricole ont été stockées par des opérateurs du froid qui ont adhéré à ce dispositif. Entre 180 et 190 entités majoritairement privées ont répondu à l'appel du département de l'agriculture lancé il y a un mois environ. Le ministère s'est fixé pour objectif de stocker 150 000 t de pomme de terre au 15 août prochain. Le ministre de l'agriculture et du développement rural, Rachid Benaïssa a réuni hier les différents acteurs concernés par le système de régulation pour faire le bilan de cette opération. Les représentants des organismes stockeurs ont été conviés à cette rencontre pour exposer leurs préoccupations. Ces derniers ont soulevé le problème de paiement des frais de stockage qui leur sont dûs. Le ministre a indiqué à ce sujet que des instructions ont été données à la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) pour prendre en charge cette question. Les opérateurs du froid auront droit à 1,5 DA/kg et 1,8 DA/kg par mois selon que les quantités de pomme de terre soient conditionnées ou entreposées en vrac. L'opération de régulation a permis aux producteurs de pomme de terre de respirer après avoir traversé une crise en raison d'une surproduction qui a fait chuter leurs revenus. A Bouira, la production est passée du simple au double atteignant les 800 000 quintaux au lieu des 400 000 quintaux habituels, a ainsi avancé le directeur des services agricoles (DSA) de cette wilaya, M. Rachid Morsli. Il existe dans cette région 20 chambres froides de 24 000 m3 qui ne peuvent stocker plus de 70 000 quintaux. D'où la colère des agriculteurs qui ont protesté en fermant une route nationale à la circulation pour sensibiliser les pouvoirs publics à leur situation. La DSA de Bouira a fait appel à des structures de stockage situées dans d'autres wilayas afin d'y remédier. Près de 100 000 quintaux de pomme de terre issus des champs bouiris ont été répartis sur une dizaine de wilayas. Des mesures similaires ont été prises dans d'autres régions connues pour être à fort potentiel, telles que Mascara, Tlemcen, Aïn Defla et Oued Souf créant un impact direct sur les prix. « Les agriculteurs vendent un peu plus cher. Le prix est passé de 5 dinars/kg à environ 15 dinars/kg. Les prix sur le marché sont relativement stables », note M. Idir Baïs, directeur des statistiques agricoles et des systèmes d'informations au ministère de l'agriculture. Le ministère, souligne-t-il, souhaite « instaurer une relation de confiance avec les organismes stockeurs », afin de pérenniser le système en les sollicitant dans des opérations futures les années à venir. « On a constitué un fichier. Nous sommes en train de les identifier en tenant compte de leur localisation et de leurs capacités de stockage. Nous leur avons proposé aussi des cartes de fidélité », relève-t-il encore. Selon lui, l'enjeu de cette première opération est double. Elle vise en premier lieu à protéger les revenus des agriculteurs, mais ce dispositif a été également mis en place pour éviter des perturbations pour la prochaine saison. « Nous essayons d'avoir les meilleures conditions pour le début de campagne d'arrière-saison qui commence début août pour une récolte au mois de novembre », confie M. Baïs.