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Alexandre Soljenitsyne : Un écrivain indomptable
Publié dans El Watan le 11 - 08 - 2008

« Pour moi, toutes les œuvres de la littérature universelle se divisent en œuvres autorisées et œuvres écrites sans autorisation. Les premières sont des ordures et les secondes de l'air volé. » Ossip Mandelstam, poète russe mort dans un camp de déportation en 1943.
Décédé le 3 août de l'année en cours à Moscou à l'âge de 89 ans, l'écrivain russe Alexandre Soljenitsyne a marqué son siècle par un parcours plein d'épreuves. Entre autres, la guerre, le régime des camps, la rélégation, la censure et l'exil. Né le 11 décembre 1918 à Kislovodsk en Caucase, ville liée au nom du poète Lermontov, un disciple de Pouchkine, Soljenitsyne fréquente en même temps la faculté de physique et de mathématiques de Moscou et celle d'histoire, de littérature et de philosophie. Il termine ses études quelques jours avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale à laquelle il prend part. En effet, il est nommé à la tête de la section d'acoustique d'une unité de batterie pour ensuite devenir chef de batterie et obtient le grade de capitaine. Il combat près de Leningrad, dans la bataille de l'axe Orel-Kursk, puis traverse la Bélorussie et marche sur Berlin.
En janvier 1945, durant la bataille de Koenigsberg, en Prusse orientale, il est arrêté pour avoir critiqué dans une lettre à un ami, les compétences militaires de staline. Il est ainsi condamné à huit ans de camp. Dans un entretien accordé à l'écrivain slovaque Pavel Lichko publié dans Kulturny Zivot du 31 mars 1967, il relate à ce sujet : « J'ai été arrêté à cause de ma naïveté. Je n'ignorais pas qu'il était interdit de révéler des secrets militaires dans les lettres envoyées depuis le front, mais je croyais qu'il était permis de penser. J'avais écrit à un de mes amis des lettres dans lesquelles, entre autres choses, je lui disais ce que je pensais de Staline, sans d'ailleurs jamais le nommer. Depuis longtemps, je le jugeais critiquable : d'après moi, il avait trahi la ligne léniniste, il était responsable des désastres de la première période de la guerre, il parlait une langue pleine de fautes de grammaire. » Il indique aussi : « Je ne me suis jamais considéré comme un innocent condamné à tort, puisque j'avais effectivement exprimé des idées interdites à cette époque-là. »
Libéré en 1953, il est condamné à trois ans de rélégation et exilé ainsi en Asie centrale. C'est là qu'il écrit La Maison de Matriona qui sera publié en 1963. C'est durant cette période que les médecins détectent chez lui un cancer qui finit par se résorber tout seul. En 1954, il écrit un drame Le Cerf et la putain du bagne, puis entamé son roman Le Premier cercle auquel il consacre neuf ans pour l'achever. Il compose des nouvelles, série de ce qui est appelé les Nouvelles miniatures. En 1956, il s'installe dans la partie européenne de l'URSS et se consacre à l'enseignement à Riazan, avant d'être réhabilité en 1957. Nikita Khroutchev est le nouvel homme fort du Kremlin depuis la mort de Staline en mars 1953. Il initie la politique du dégel. Avec son accord, est publié en 1962 Une journée d'Ivan Denissovitch. Récit qui décrit la vie dans le goulag à travers une journée d'un détenu. Il s'appelle Choukhov. Isolé de son unité, il est fait prisonnier par l'armée hitlérienne. Quelques jours après, il s'évade et rejoint la ligne soviétique. Il évoque sa capture. Ce qu'il n'aurait pas dû faire. Mais comme il dit la vérité, il est condamné au camp pour trahison. Car, pour ses bourreaux, il s'est livré à l'ennemi pour ensuite réintégrer les troupes soviétiques afin d'effectuer une mission d'espionnage au profit des allemands. L'ouvrage provoque un grand retentissement en URSS et à l'étranger et fait sortir Soljenitsyne de l'anonymat.
La destitution de Khroutchev en 1964, marque la fin de la politique du dégel. Commence alors la confrontation de l'écrivain au pouvoir qu'il décrit dans Le Chêne et le veau. Interdit de publication en 1966, ses œuvres sont retirées des bibliothèques. Il est ensuite exclu de l'Union des écrivains de l'URSS. Dans une lettre adressée le 16 mai 1967, au présidium du congrès et aux délégués membres de l'Union des écrivains soviétiques et aux rédacteurs des journaux et des revues littéraires, Soljenitsyne dénonce « l'asservissement intolérable » qui frappe la littérature russe à cause de la censure. Pratique qui impose aux écrivains « la volonté de gens littérairement analphabètes ». Il rappelle la période où, en son pays « on n'imprimait même pas Dostoïevski, orgueil de la littérature mondiale (…) il était exclu des programmes scolaires, rendu inaccessible aux lecteurs, calomnié de toutes les façons ».
Il évoque aussi les cas d'Essenine, Maïakovsky et d'Akhematovo, traités respectivement de « contre-révolutionnaire », de « voyou politique anarchisant » et d'« antisoviétique ». Tsvetaeva est qualifiée quant à elle de « grossière erreur politique ». II cite aussi les écrivains des années 1920 à l'exemple de Pilnijak, Platonov, Mandelstam qui « avaient dénoncé dès la première heure les germes du culte de la personnalité de Staline : mais ils ont été liquidés ou bâillonnés au lieu d'être écoutés ». II voit que la littérature russe « a perdu son rôle de guide à l'avant -garde de la littérature mondiale (...) La vie littéraire de notre pays apparaît aujourd'hui au monde entier incomparablement plus pauvre, uniforme et médiocre qu'elle ne l'ai en réalité ». Comme l'Union des écrivains de l'URSS « ne défend ni les droits des auteurs ni aucun autre droit des écrivains persécutés ». Depuis le XXe congrès du parti, « ce sont plus de six cents écrivains entièrement innocents que l'Union a abandonnés docilement à leur sort de prisonniers et de déportés ». Les responsables de l'Union, « par lâcheté, ont abandonné dans le malheur tous ceux qui eurent à subir des persécutions, puis la déportation, le bagne et la mort ». II cite à ce titre, Pavel Vassiliev, Mandelstam, Artem Vesselyi, Pilnijak, Babel, Tabitz, Zabolotsky. cependant, poursuit-il, « personne ne réussira à barrer la route à la vérité et je suis prêt à mourir pour qu'elle avance ». En 1968, paraissent en Occident Le Pavillon des cancéreux et le premier cercle. Pourtant Soljenitsyne souhaite voir ses œuvres publiées dans son pays.
Dans une lettre destinée le 18 avril 1968, au secrétariat et aux membres de l'Union des écrivains d'URSS et aux revues Novy Mir et Littératurnaïa Gazeta, il relève que « la littérature ne peut être réduite à un état tel que les œuvres littéraires deviennent des marchandises profitables du premier trafiquant muni d'un passeport. Les œuvres de nos auteurs doivent être publiées chez nous et non être livrées en butin aux éditeurs étrangers ». II appelle l'Union des écrivains à « conjurer le risque de voir publier le Pavillon des cancéreux à l'étranger (...) Cet épisode nous oblige à réfléchir sur les voies bizarres et obscures par lesquelles les manuscrits des écrivains soviétiques gagnent l'étranger ». En 1969, à l'occasion du Ve congrès de l'Union des écrivains de l'URSS, il écrit à ses confrères : « Vous n'aimez que les morts ». En 1970, il obtient le prix nobel de la littérature mais ne se déplace pas à Stockholm de peur que les autorités soviétiques ne lui interdisent de regagner son pays. Déchu de sa nationalité soviétique, il est expulsé de l'URSS en 1974. La même année, est publié en Occident L'Archipel du goulag, alors que la dactylographe qui a tapé cet ouvrage s'est suicidée après avoir été arrêtée par le KGB. II s'installe en Allemagne, en Suisse et aux Etats-Unis. Durant sa période d'exil, il publie plusieurs ouvrages à l'exemple de Message d'exil et L'erreur de l'Occident respectivement en 1979 et 1980. II retourne en Russie en 1994.
En 1998, il écrit le grain tombé entre les meubles et La Roue rouge. Puis paraît en 2001 et 2002, Deux siècles ensemble. Suivent en 2007, Réflexion sur la révolution de février, Une minute par jour et Aime la révolution. Pour Soljenitsyne, l'écrivain a des devoirs. II dit à ce propos : « Du moment qu'il regarde le monde avec des yeux d'artiste, et grâce à son intuition, l'écrivain découvre avant les autres hommes et sous des aspects inattendus, nombre de phénomènes sociaux. C'est là que se situe son talent et un certain devoir découle de ce talent : il doit parler à la société de ce qu'il voit, ou du moins de ce qui n'est pas bon et qui représente un danger »(1). Ainsi, il ne fait pas de la littérature un art pour l'art. Ses œuvres se nourrissent des souffrances de son peuple et de son élite imposées par le totalitarisme, un système qui déshumanise l'homme.
(1)- L'entretien et les lettres sus-cités sont publiés in Alexandre Sojenitsyne : Les droits de l'Ecrivain, Paris, éditions le Seuil 1969


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