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Max Aub-Portrait d'un poète oublié : Un astre à Djelfa
Publié dans El Watan le 09 - 10 - 2008

Ami d'Hemingway, Picasso, Malraux, etc, il fut interné avec des milliers de républicains espagnols sur les Hauts-Plateaux d'Algérie. Toutes les villes d'Algérie ayant été marquées au cours de leur histoire par un fait littéraire ou artistique, le valorisent en tant qu'événement historique, soit par la consécration d'une œuvre, soit par des hommages rendus à son auteur, fut-il un étranger que le hasard de l'histoire a fait atterrir sur leur sol.
Les exemples ordinaires sont nombreux. On peut citer ainsi Bou Saâda, pour ce qui concerne le peintre français Alphonse-Etienne Dinet, rebaptisé plus tard Nasreddine, à la faveur de sa conversion à l'Islam. Ou Sougueur qui a permis à Ibn Khaldoun d'écrire ses livres en toute quiétude. Ou encore Aïn Sefra pour l'écrivaine suisse d'origine russe, Isabelle Eberhardt, emportée dans une crue de cette ville. Et bien d'autres encore. La revendication par une cité ou un pays d'un écrivain, d'un artiste ou d'un homme de science est généralement source de fierté et moyen de renforcer l'identité d'un espace par les hommes et femmes illustres qui y ont vécu ou qui, simplement l'ont traversé. Ce phénomène prend parfois l'allure d'une compétition.
Pour sa part, Djelfa, qui a la chance d'avoir abrité un illustre poète espagnol déporté pour ses idées républicaines par la France, le 25 décembre 1941, suscite l'interrogation quant à l'indifférence à son égard. Les œuvres de Max Aub, puisqu'il s'agit de lui, y sont réduites au silence, ou tout simplement inconnues, alors qu'elles étaient venues, entre autres, contrarier de fort belle manière l'idée qui tend à glorifier la colonisation française de l'Algérie. Anticipant dès lors sur la question de façon irrécusable, ce poète, à travers son vécu à Djelfa, fournit un témoignage accablant contre la France, synonyme de démystification de « l'action civilisatrice » mise en avant il n'y a pas si longtemps par des parlementaires se couvrant d'oripeaux idéologiques. Ce personnage historique, - autant que celui de Roger Garaudy (alors communiste) qui a également été interné à Djelfa et même failli connaître le poteau d'exécution par ses propres compatriotes -, renvoie incontestablement à tout un pan de l'histoire de cette ville. Né en 1903, d'un mariage mixte, son père étant Allemand et sa mère Française, établis en Espagne dès 1914, Max Aub était aussi un écrivain au style baroque et surréaliste.
La vertu des gueux
Sa détention de 1941-1942 dans le camp de Aïn S'rar à Djelfa lui avait servi de pupitre de visualisation de toutes sortes d'exactions dont étaient victimes des Algériens, qu'il dénonça, ainsi que celles commises sur ses compatriotes républicains venus se réfugier en France au lendemain de la victoire des troupes franquistes en Espagne. Il vécut dans un état de réclusion extrême, subissant d'innommables sévices dans ce camp dit d'internement administratif, mais dont les conditions pénitentiaires relevaient du pur régime concentrationnaire, au grand dam des défenseurs de l'humanisme français. Simone Weil, (ndlr, la philosophe et militante française décédée en 1943, à ne pas confondre avec Simone Veil) aurait, selon des documents cybernétiques, échangé épistolairement avec Max Aub de 1941 à 1942 pour faire intercéder quelques-uns de ses amis importants auprès du consul du Mexique, en vue d'accéder à la demande d'exil de l'écrivain et poète espagnol.
L'engagement de Max Aub l'amènera à réaliser une immense œuvre sur la guerre civile qu'avait connue au milieu des années trente son pays d'adoption, l'Espagne, qu'il décrira entre réalité et fiction (surréalisme oblige) dans sa trilogie « El laberinto màgico » (Le labyrinthe magique) composée de trois parties : Le champ clos, Le champ sanglant et Le champ ouvert. Il plaidera aussi, et admirablement, la cause algérienne en transcendant le niveau du témoignage anecdotique dans un récit qu'il intitula El cementerio de Djelfa, (Le cimetière de Djelfa) dans lequel il louera la vertu des « gueux », soit des Algériens qui offraient le peu qu'ils possédaient, alors qu'une cruelle humiliation leur était infligée par un dénuement total. Un constat qui l'amena encore à compiler quarante-huit poèmes dans le recueil Diario de Djelfa (Journal de Djelfa) ou à la douleur et l'arbitraire répondent l'irritation face à l'injustice et le sentiment de rébellion. En somme, des poèmes de la honte à rajouter au passif de l'occupant français.
Et pour toute reconnaissance d'avoir porté son cri de douleur vers le temple universel des lettres, Djelfa ne trouve pas mieux que d'ignorer ce monument de la poésie. En 2005, une tentative d'organisation d'un colloque en vue de le remercier à titre posthume y avait échoué au motif, avait-on dit alors, de ses écrits engagés dans lesquels, l'Espagne surtout, occuperait une place privilégiée ! Une façon de dénier au lecteur, par essence historique, sa capacité de distinguer entre l'aspect anthologique et l'aspect politique d'une œuvre littéraire. Et même si tel est le cas, libre à chacun d'approfondir sa lecture et d'établir éventuellement le rapport qui existerait entre l'élément historico-littéraire et celui politique de l'œuvre.
Ainsi, à Djelfa, la définition de la littérature serait imparablement sous-tendue par un objet politique. En revanche, si la réalité sociale subit le regard profond de l'intellectuel, elle peut être expliquée par la littérature, seule à même d'en traduire le sens complexe et multiple. Aussi, est-il dommageable que ce colloque, à petit budget pourtant, n'ait pas suscité un intérêt particulier chez le noyau local d'intellectuels pour aller en quête d'un parrainage financier auprès de mécènes, qui n'ont d'ailleurs pas hésité à répondre plusieurs fois favorablement pour des initiatives moins enrichissantes au plan du savoir et de la connaissance et ce, sans attendre que la direction de la culture veuille en prendre l'initiative.
Max Aub, qui mourut en 1972, fut l'ami de Raphaël Alberti, Antonio Machado, Ernest Hemingway, André Malraux et Pablo Picasso, tous d'inconditionnels défenseurs de la cause républicaine espagnole. Au sortir de sa prison en juillet 1942, il s'exila au Mexique, pays où il parachèvera son œuvre, afin croyait-il, que l'opinion internationale pût voir le visage hideux d'une France cultivant le sophisme à propos d'idéaux républicains. C'est pourtant grâce, entre autres, à Max Aub et à ses œuvres conçues à Djelfa, que s'éclairera davantage cette vérité d'une « mère patrie », la France, qui ne fut aucunement une Samaritaine. Djelfa reste encore loin de mesurer l'immensité du ratage historique dont elle se rend coupable ou plutôt, dont elle est victime de la part de ses propres intellectuels.
Max Aub et l'Algérie : Un lieu, la souffrance
De cette union est né dans la douleur un écrit : Diario de Djelfa (Journal de Djelfa). Ce livre de poèmes et son analyse sont l'aboutissement d'un travail de recherche donnant lieu à une thèse de doctorat en littérature espagnole contemporaine du Dr. Saliha Zerrouki Kherbouche*, sous la direction du professeur Fatma Benhamamouche, soutenue à l'Université des arts et des lettres d'Oran, en décembre 2005. Cette poésie de l'exil, vécue par Max Aub, est le plus grand témoignage sur le Centre de séjour surveillé de Djelfa, écrit jusqu'à ce jour, sur les exactions, les morts injustifiées, la faim qui tuait les hommes, le froid glacial qu'ils subissaient dans des tentes en lambeaux, l'acharnement du plus cruel des sergents -Gravelle-, l'oubliette du fort Caffarelli, le camp spécial. Les prisonniers de ce centre étaient tout simplement les réfugiés républicains de la guerre civile espagnole qui avaient fui leur pays et que les Français avaient envoyés dans le sud de l'Algérie, et précisément à Djelfa.
Le 25 décembre 1941, à son arrivée dans les Hauts-Plateaux, Max Aub tombe sur une réalité innommable : un camp de concentration de la pire espèce, un enfer sur terre. Cet ouvrage poétique exceptionnel a valu à son auteur la reconnaissance comme premier poète de l'exil républicain espagnol. Les agissements et la cruauté des français de l'époque feront dire à notre auteur, qui pourtant est de mère française : « Personne ne croyait la France aussi pourrie, les prisons, les camps, les Hauts-Plateaux de l'Atlas saharien… »
*Maître de conférences au département d'espagnol de la Faculté des lettres et des langues de Bouzaréah. Université d'Alger. A lire texte complet sur le site www.djelfa.com


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