Le « gumbri » est un instrument de musique séculaire à la base de la musique et de la danse gnawies. Ses airs, tantôt langoureux, tantôt rappelant le tempo des percussions, ont empli ces dernières années la scène artistique aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. Très répandu dans les pays du Maghreb, cet instrument est apparu en même temps que l'art gnawi, vers la fin du XVIe siècle, selon certains chercheurs et historiens. Dérivé du « n'goni » des griots africains, il est formé, la plupart du temps, d'un manche rond parfois courbé et qui s'incruste à une caisse de résonance piriforme (en forme de poire), recouverte d'une peau de dromadaire tannée, celle du cou du camélidé. Frappée rythmiquement par la main droite du musicien, en même temps que les cordes, elle laisse l'instrument donner la quintessence de ses sons faits de percussions et de notes aux tonalités variées. La caisse de résonance, qui mesure 60 cm de long, 20 de large et 15 de profondeur, est traversée par un manche d'environ 1m et, est fabriquée à base de bois d'acajou ou de noyer. « Les anciens adeptes du gnawi avaient, eux, une préférence pour le bois de peuplier », indique Brahim Rezzoug, l'un des grands maîtres de ce genre de musique. Les cordes de cet instrument séculaire sont fabriquées à partir de boyaux d'un animal sacrifié suivant un rituel propre aux gnawas. Cependant, ces derniers temps, ces matériaux naturels sont remplacés par du fil de pêche. Les trois cordes de cet instrument sont tendues par des chevilles en bois taillé au canif, ce qui offre à la table chromatique du gumbri, une plage de notes de basse fréquence. Au cours des longues soirées de transe, le « maâlem » (le maître des cérémonies) est l'unique joueur de gumbri. Il est accompagné et soutenu dans son jeu par d'autres musiciens qui jouent des « krakeb » (de grandes castagnettes métalliques) et d'un gros tambour.