Aujourd'hui, cet instrument connaît un renouveau avec la nouvelle génération qui bouscule le jeu traditionnel et écrit une nouvelle page de cet instrument séculaire. Le gumbri, partage depuis plus de deux millénaires la vie de l'homme, ses joies ses souffrances, ses espoirs. A l'origine, la musique était chant, percussion, flûte. Puis vint cet instrument qui contient, à lui seul, toute l'essence musicale. Aujourd'hui, cet instrument, connaît un renouveau avec la nouvelle génération qui bouscule le jeu traditionnel et écrit une nouvelle page de cet instrument séculaire, à la base de la musique et de la danse «gnaouie». Ses airs, tantôt langoureux, tantôt rappelant le tempo des percussions, ont empli ces dernières années la scène artistique aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. Très répandu dans les pays du Maghreb, cet instrument est apparu en même temps que l'art gnaoui, vers la fin du XVIe siècle, selon certains chercheurs et historiens. Le gambri ou gembré, gembri, guembri, gumbri est un instrument de musique traditionnel des peuples gnaouas (Guinée en arabe). On le trouve principalement en Afrique du Nord, dans les pays du Maghreb où il a été apporté par les esclaves venant de Guinée. C'est un dérivé du N'goni africain. Il est composé, la plupart du temps, d'un manche rond parfois tourné et parfois polychrome qui s'enfonce dans une caisse de résonance monoxyle piriforme dont la table de résonance est faite avec une peau. Cette caisse d'environ 10 à 15 cm de long peut être aussi faite avec la carapace d'une tortue. C'est un instrument à cordes pincées dont les cordes originellement des boyaux ont été progressivement remplacées par du fil à pêche. Il a en général trois cordes tendues par des chevilles en bois taillées au canif ou grossièrement tournées. Le spectre musical est placé en basses fréquences. Musiciens gnaouas jouant gumbri et qraqeb Le gambri est apparenté au el ajouj de plus grosse taille appelé parfois lui aussi gambri qu'on trouve dans la musique extatique gnaouie qui s'accompagne de karkabet (castagnettes en métal) et d'un gros tambour. Il est joué par le maâlem (le maître) pour guider la transe des adeptes, lors de rituels nocturnes appelés «lilas» mêlant la fête et l'action thérapeutique. Celle-ci est supposée permettre d'évacuer les divers maux dont souffre l'adepte. Il apparaît présomptueux pour l'artisan de vouloir fabriquer ce genre d'oeuvre (instrument), alors qu'en fait, il est dans la nature de l'homme de s'exprimer, de chercher à transmettre à autrui un message, une vision des choses. D'ailleurs, à Béchar, où le gnaoui est dans son environnement social et culturel naturel, on compte de nombreux fabricants de gumbri, qui se déclinent sous différentes versions et formes, et restent très demandés par les touristes de passage dans cette belle région du Grand Sud algérien. Confiants sur l'avenir de cet objet du patrimoine culturel, les jeunes fabricants estiment que la préservation du processus artisanal de fabrication de cet instrument traditionnel contribuera à sa sauvegarde et à la pérennisation d'une tradition et d'un métier séculaires.