Le président de la République en visite officielle en Iran a mis le pied dans le bain du litige opposant l'Iran aux grandes puissances sur les visées de son programme nucléaire. Tout en assurant que la position de l'Algérie est pour l'accession de tous les pays à la technologie nucléaire à des fins pacifiques, Abdelaziz Bouteflika souligne que « la paix et la sécurité au Moyen-Orient et dans l'ensemble de la région mettent en jeu la question vitale de la prolifération nucléaire qui est le fait d'un seul Etat, Israël ». Le chef de l'Etat déclare en outre que l'Algérie est en « faveur de l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires qui, à l'instar de l'Amérique Latine et de l'Afrique, permettrait au Moyen Orient de consacrer son énergie et ses ressources au développement durable ». Et d'ajouter que cette position n'empêche pas que les Etats signataires du « Traité de non prolifération nucléaire ont le droit légitime et conventionnellement reconnu d'accéder à la maîtrise de la technologie nucléaire à des fins pacifiques ». Et d'inviter l'Iran à « explorer toutes les voies de nature à promouvoir un règlement négocié du contentieux né de la contestation par certains pays de la nature de son programme ». Le message de Bouteflika n'a pas tardé à recevoir la réponse d'Ahmadinejad. Le président iranien a indiqué que l'Iran maintiendra son programme nucléaire, et ce, malgré les risques de sanctions internationales. « Les grandes puissances ont complètement compris que le programme nucléaire pacifique ne sera jamais arrêté et ils n'ont, bien entendu, pas d'autres choix que de continuer à parler à l'Iran », note le président iranien à l'heure où Téhéran a été sommé par les négociateurs de l'UE de fournir, dans les plus brefs délais, sa réponse aux propositions européennes, sous la pression des Etats-Unis qui brandissent l'arme de sanctions internationales. L'Iran encourt le risque d'une quatrième série de mesures du Conseil de sécurité de l'ONU pour son refus de suspendre « son enrichissement d'uranium ». Arrivé dimanche à Téhéran pour une visite de trois jours, Bouteflika ne soufflera mot sur l'attentat ayant endeuillé 8 familles à Zemmouri le jour- même. Le président évoquera cependant le terrorisme dans sa mesure internationale lors du discours prononcé au cours du déjeuner qui a été offert en son honneur. Bouteflika évoquera la prochaine conférence internationale sur le dialogue islamo-chrétien pour coordonner les efforts entre musulmans afin de réhabiliter les valeurs civilisationnelles et modernistes de l'Islam, « nous avons la responsabilité de coordonner nos efforts pour neutraliser le discours et les desseins haineux de ceux qui, recourant au terrorisme, sèment la mort et la discorde en prétendant agir au nom de notre religion sacrée ». Le chef de l'Etat estime aussi qu'il est « très important de traiter les causes socioéconomiques qui constituent le terreau sur lequel se développe le terrorisme international, car les situations d'injustice dans certaines régions du monde, conjuguées à des conditions de vie extrêmes, génératrices de misère et de crises humanitaires, sont exploitées souvent à des fins terroristes », considère-t-il. « Ce n'est pas l'Algérie qui entrave l'UMA » Le chef de l'Etat a par ailleurs évoqué la question du Sahara occidental en affirmant que « si le conflit du Sahara occidental continue d'entraver la concrétisation de l'objectif d'unification du Maghreb inscrit dans une perspective historique incontournable, ce n'est certainement pas le fait de l'Algérie qui s'est toujours montrée déterminée à poursuivre l'œuvre d'intégration maghrébine, indépendamment de cette question de décolonisation inachevée, dont le règlement est de la responsabilité première des Nations unies ». Continuant dans sa lancée, Bouteflika se félicite en outre de « la confirmation, une fois de plus, par le Conseil de sécurité de la jurisprudence de l'ONU, à travers l'adoption de la résolution 1813 qui invite le Maroc et le Front Polisario à poursuivre leurs négociations directes, sans conditions préalables, en vue de parvenir à une solution qui tienne compte du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui ». Axer la coopération sur le secteur de la technologie « Nous avons maintenant une meilleure connaissance de nos réalités respectives et des aspirations légitimes de nos peuples frères », déclare Bouteflika à son homologue iranien en l'invitant à plus de coordination au sein de l'ONU ainsi qu'au sein du mouvement des non alignés, de l'organisation de la conférence islamique, le groupe des 15 et dans l'Opep. Il appelle par ailleurs les entreprises iraniennes à participer davantage à la réalisation de projets inscrits dans le programme algérien de relance économique. Mourad Medelci a affirmé, pour sa part, que la coopération économique se renforcera dans les prochaines années. « Notre vision du partenariat économique et commercial est devenue plus claire et il y a une coopération plus complète dans plusieurs domaines dont le commerce, la technologie et l'industrie, eu égard aux besoins de l'Algérie notamment en ce qui concerne la production du ciment, de voitures, de chemins de fer. » M. Medelci note que l'Algérie veut axer sa coopération avec l'Iran sur le secteur de la technologie.