L'ordonnance rendue par le magistrat instructeur près le tribunal de Sidi Aïssa, mardi dernier, motivant la mise sous mandat de dépôt de 44 personnes et un mandat d'amener pour 45 autres, parmi lesquelles 8 membres de la famille Arbaoui Saâd, mort des suites de son agression par le fils du propriétaire de l'hôtel Naga, est venue exacerber la peine de toute une famille plongée dans une profonde affliction et raviver le sentiment de révolte. Les membres de la famille Arbaoui, dont 8 sont poursuivis en justice et sous le coup d'un mandat d'amener, refusent le statut d'accusés après avoir été victimes et préfèrent entrer dans la clandestinité que de se plier à la politique de deux poids deux mesures qui a fait que « l'assassin » de Arbaoui Saâd court à ce jour en toute impunité. Dans une lettre adressée au président de la République, dont une copie a été remise à El Watan, les membres de la famille Arbaoui indiquent que la délivrance de mandats d'amener à leur encontre s'apparente « à un complot contre notre famille ». Dans cette lettre, les membres de la famille Arbaoui relatent les péripéties de l'agression du défunt Saâd, « l'inconsistance des services de police qui n'avaient rien fait pour le constat et l'établissement du compte-rendu de l'agression qui était en fait une systématique tentative de meurtre ». Rien n'a été entrepris par la justice contre Mohamed Amine, le fils du propriétaire de l'hôtel, après que Arbaoui Saâd ait succombé à ses blessures, lequel jouit à ce jour de toute sa liberté. Les signataires de la lettre attestent qu'ils étaient au cimetière pour enterrer Saâd au moment où l'hôtel a pris feu et que certaines personnes, voulant en découdre avec le propriétaire de l'hôtel et ses activités, avaient profité des funérailles pour sceller le sort de cet établissement, le réduisant en un tas de cendres. La famille, indique-t-on, se démarque des actes qui ont été à l'origine de la dévastation de l'hôtel. Par ailleurs, la famille ne comprend pas le comportement mystérieux des autorités, qui a fait que le fils de Arbaoui Saâd, Fatah, âgé de 22 ans, et le frère du défunt se retrouvent accusés d'avoir participé à la destruction de l'hôtel et croupissent dans la prison de M'sila. « On demande solennellement aux autorités de ce pays pourquoi Mohamed Amine, l'auteur de l'assassinat de notre fils Saâd, n'a pas été arrêté depuis 28 jours. Au lieu de cela, on veut nous faire taire en nous faisant endosser les événements qui ont secoué la ville de Sidi Aïssa », écrit la famille, qui demande au président de la République d'intervenir pour mettre un terme à cette affaire. A voir de plus près, l'ordonnance rendue par le juge d'instruction semble être l'application des directives contenues dans le communiqué du procureur général de la cour de M'sila, qui avait expliqué que l'expédition contre l'hôtel s'était déroulée sur instigation de certains meneurs qui avaient pour but de venger la personne décédée et qu'il fallait à tout prix, lit-on dans ce communiqué, « procéder à l'arrestation de toutes les personnes impliquées dans les événements survenus à Sidi Aïssa, qui ont fait 4 morts et une soixantaine de blessés ». Ce communiqué, datant du 7 août, ne précisait cependant pas le nombre d'arrestations, alors que le secrétaire général qui assurait l'intérim du wali en congé annuel avait déclaré à la presse, le 7 août, sur les lieux du sinistre, que 15 personnes avaient été arrêtées. Les membres de la famille Arbaoui ne veulent pas être les boucs émissaires et endosser les conséquences d'une situation qui leur échappe.