Lorsque vous interrogez n'importe quel algérois sur la durée quotidienne de son trajet, sa réponse est récurrente : « Il faut compter avec les embouteillages… ». Ces derniers ont infesté la ville et sont pris en compte comme élément essentiel dans l'organisation des rendez-vous. Les bonnes vieilles heures de pointe semblent avoir disparu pour laisser place à une ville au bord de l'asphyxie. Le déficit en transport public, tant au niveau du nombre de véhicules mis à disposition, que de la qualité des services (places assises, fréquence de passage…) pousse les algérois à investir massivement dans l'achat de véhicules neufs. Mais cette augmentation constante du parc automobile n'est pas suivie par de la voierie et le développement des infrastructures. Malgré l'exécution de la politique des grands travaux publics conçue durant les années 1980, la population semble avoir perdu toute confiance dans le réseau de transport. Ce dernier s'est discrédité avec des promesses non tenues : un métro en chantier depuis trente ans, un tramway jamais réhabilité et des bus et abribus extrêmement sales. Les rejets de gaz carbonique, provenant des pots d'échappement, cachent désormais Alger la Blanche derrière d'épais nuages de pollution, rendant le quotidien stressant, étouffant et épuisant. On se débat dans des pertes de temps et la moindre sortie prend alors des tournures d'expédition. Le stress et les conséquences qui en découlent (trouble du sommeil, ulcère, crise cardiaque…) sont de plus en plus nombreux, transformant l'aménagement urbain en un problème de santé publique.