Le traitement humiliant réservé par les autorités françaises au fonctionnaire des Affaires étrangères, Mohamed Ziane Hasseni, embarqué malgré lui (?) dans l'affaire de l'assassinat de Ali Mecili, met à nu les ratés de notre appareil diplomatique. Quatre jours après l'annonce publique de l'arrestation de ce cadre de l'Etat algérien, nos responsables suivent encore, de loin, ce spectacle de mauvais aloi. Le département de Mourad Medelci et ses représentations en France observent un silence radio pendant que « l'affaire » aux allures sulfureuses crève l'écran et la toile. L'opinion publique algérienne ne sait toujours pas – du moins officiellement – si le mis en cause est coupable ou innocent. Pis, un incroyable quiproquo autour de l'identité réelle du commanditaire de l'assassinat de feu Ali Mecili est venu compliquer un peu plus l'équation de cette autre affaire d'Etat entre Paris et Alger. Le fait qu'un « haut fonctionnaire » de l'Etat s'écrie sur les colonnes d'un confrère contre « l'humiliation de l'Algérie » confirme l'insondable tâtonnement des autorités dans cette affaire. Qu'est-ce qui aurait empêché en effet les décideurs de prendre urgemment les dispositions nécessaires pour libérer le cadre en détention, si tant et qu'il est victime d'une simple méprise homonymique ? L'affaire aurait été tuée dans l'œuf sans que personne n'ait trouvé à redire. Mais voilà… Nous sommes face à une minicrise diplomatique entre la France et l'Algérie sur fond d'un assassinat politique que la complicité des deux raisons d'Etat, longtemps préservée, a apparemment fini par déborder sur la place publique. Il est tout de même curieux de voir un fonctionnaire de ce rang – en activité de surcroît – se faire grossièrement arrêter puis placer sous contrôle judiciaire, sans que les autorités algériennes n'interviennent pour lever le malentendu et laver l'affront… La justice française est évidemment dans son rôle d'appréhender des personnes fichées et recherchées, bien qu'elle ne soit pas le parangon de la stricte application de la loi ; l'expulsion de l'assassin présumé de Ali Mecili faisant foi. Mais s'il est clairement établi que Mohamed Ziane Hasseni n'a rien à voir avec cet assassinat, son arrestation devient alors un scandale et pour la diplomatie algérienne un camouflet. Il est loisible d'imaginer la réaction de l'Etat français si Claude Guéant, par exemple, avait subi le même traitement à Alger… On s'en souvient, le président Sarkozy avait mobilisé toute la France pour obtenir la libération des animateurs de l'ONG Arche de Zoé alors même que ces derniers avaient été pris en flagrant délit de trafic d'enfants au Tchad. C'est dire que les autorités nationales sont, a priori, coupables de non-assistance à un fonctionnaire traîné comme un malfrat devant la justice française. Et quel que soit le verdict dans cette affaire Mecili bis où le mal est déjà fait, la diplomatie algérienne aura brillé par son silence assourdissant.