Une journée d'apprentissage au métier d'apiculteur est organisée par l'association Afak à Boumerdès pour encourager les jeunes à monter des projets de société. Dix bénéficiaires y sont conviés. La journée commence par une présentation de chaque membre de l'activité, adhérents à l'association compris. Le directeur de l'apiculture des Issers, Djemacène Ali, y est également invité. Une première approche avec les ruches est proposée par Ibtissam et Rihana, deux militantes actives de l'association. L'une d'entre elles précise : « Jamais je n'aurais un jour pensé devenir apicultrice, ce n'est vraiment pas quelque chose qui me serait passée par la tête. Mais maintenant je ne peux plus m'en passer, si je ne vais pas les visiter au moins une fois tous les 15 jours, je ne suis pas bien. » Ce projet a été mis en place au départ pour les femmes célibataires, divorcées ou veuves, leur permettant ainsi d'avoir un métier et des revenus assez rapidement. Le miel AFAK-fruit solidaire a été produit par les femmes de Si Mustapha. Leur formation a permis d'acquérir une autonomie par leur travail. Pour ceux qui ont la phobie des abeilles, ne vous inquiétez pas : une combinaison, des bottes, des gants, tout est prévu. Les animatrices y vont gaiement et n'hésitent pas à mettre la main à la pâte. Les démonstrations sont complètes et les explications sont claires. Les invités sont captivés et l'échange entre apicultrices et futurs apiculteurs devient de plus en plus passionnant. En parlant de passion, c'est un véritable amoureux de l'apiculture qui se trouve au centre d'un débat d'idées. Le directeur de l'apiculture des Issers apporte une réelle motivation à l'activité en cours. Il explique que ce métier est « un réel anti-déprime ! Quand vous vous retrouvez face à une ruche, vous ne pensez plus à rien. Ceux qui font ce métier ont toujours un bon teint et un excellent moral ». D'ailleurs, lui-même en est la preuve vivante. C'est un homme sage, sincère, réfléchi et épanoui qui se confie aux jeunes. Sans compter toutes les vertus qu'offre le miel. Des bienfaits médicaux, moraux, pharmaceutiques, cosmétiques... Un jeune ajoute : « D'ailleurs, c'est indiqué dans le Coran : c'est halal. » Ce qui est vraiment stimulant dans ce métier, c'est le cadre agréable dans lequel sont placées les ruches ainsi que l'ambiance conviviale de groupe qui y règne. Ibtissam rapporte : « Au départ, ma mère était contre le fait que je pratique ce métier, précisant que c'est un métier d'homme et donc un milieu d'hommes, où la femme n'a pas sa place. » Aujourd'hui, sa mère est convaincue et s'est même acheté deux ruches. Ce qui est formidable dans ce métier, c'est qu'il peut s'allier à un autre. Par exemple, Ibtissam est animatrice et en même temps apicultrice. Son métier lui rapporte à peu près 10 000 DA par mois, et ce en étant libre de prendre soin de ses ruches comme elle le souhaite. En revanche, ce n'était pas évident de faire passer un projet tenu par des femmes. Certains responsables leurs ont mis des bâtons dans les roues. Ibtissam révèle le comportement d'un responsable du service des forêts : « Il nous a spécifié qu'on n'avait rien à faire dans un milieu d'hommes. Il nous a conseillé de trouver autre chose à faire. » Seulement, il ne savait pas encore qu'il s'adressait à des femmes que personne ne pouvait arrêter. Aucun obstacle ne pouvait leur faire perdre leur motivation, au contraire, elles étaient bien décidées à acquérir leur indépendance coûte que coûte. Alors, ce fameux responsable a tout de même réussi à les faire languir deux ans pour que leur dossier passe. Ce n'est pas pour autant que ces femmes ont perdu courage, bien au contraire, cela n'a fait que le décupler.