Voici deux histoires vraies qui viennent de se passer à Skikda, et il appartiendra à chacun d'en tirer les conclusions et les leçons nécessaires. La première est celle d'une jeune femme victime d'un accident de la circulation qui a succombé à ses blessures après un long moment passé à faire la navette, dans un état très critique, entre le nouvel hôpital et l'ancien. La deuxième, elle, est plus proche du secteur de la santé, puisqu'il s'agit cette fois d'un médecin très connu localement qui a été victime d'un accident de la circulation. On l'a transporté en premier vers le nouvel hôpital, où des soins lui ont été prodigués au service traumatologie, omettant le fait qu'un accidenté peut aussi souffrir de lésions internes. Chose s'étant confirmée par la suite, et ayant nécessité le transfert du malade vers l'ancien hôpital, car le nouveau ne dispose pas encore du service adéquat. Heureusement pour lui, les complications ont été prises rapidement en charge. Mais pourquoi raconter ces histoires ? C'est juste pour dire l'incroyable imbroglio qui règne en matière de prise en charge de la santé publique à Skikda depuis l'avènement du nouvel hôpital, et dont les seules victimes demeurent, comme toujours, les malades. L'ouverture, partielle, du nouvel hôpital en mars 2008 laissait présager, vu l'équipement dont celui-ci avait disposé, un bel avenir pour la santé locale, longtemps malade. On s'attendait à ce que l'infrastructure vienne consolider les efforts déployés au niveau de l'ancien hôpital et apporter un plus. Finalement, et tout compte fait, Skikda n'a pas bénéficié d'un nouvel hôpital, mais elle s'est juste contentée de « délocaliser » une partie de l'ancien vers la nouvelle et belle bâtisse implantée à Boulkeroua. Qu'on en juge : tout le service ophtalmologie de l'ancien hôpital, avec son personnel médical, paramédical et celui d'entretien, et un équipement tout neuf ayant coûté plus de 10 MDA (millions) a été transféré vers le nouvel hôpital. Idem pour le service traumatologie. Une question alors : le nouvel hôpital, qu'a-t-il apporté ? Rien pour le moment, car il fonctionne avec ce qui existait déjà à Skikda. On ne peut tout de même pas faire du neuf avec du vieux ! Résultat, l'ancien hôpital, qui a enregistré de grandes améliorations ces derniers temps, se trouve amputé, et les citoyens sont totalement déroutés. Pourtant, le plus grave dans l'histoire est ailleurs : il se trouve que des citoyens souffrants se voient souvent refoulés pour être orientés d'une institution à l'autre, espérant ne pas mourir en cours de route. C'est comme si on demandait aux personnes blessées de diagnostiquer elles-mêmes leurs blessures pour décider quel chemin elles devraient prendre. C'est une aberration qu'on a tenté de « corriger » en déléguant un chirurgien de l'ancien hôpital aux urgences du nouveau pour » « minimiser » les dégâts. Qui est fautif dans cette mascarade ? Ne tirons pas sur les ambulances et reconnaissons que ce ne sont certainement pas les responsables des deux institutions qui tentent tout de même de tout faire pour être au service des malades. C'est plutôt ce populisme, très en vogue à Skikda, au nom duquel on a décidé d'ouvrir une institution sans en garantir l'essentiel. Il reste à savoir, à ce sujet, que le nouvel hôpital, qui, pris comme tel, reste un véritable fleuron et dispose d'un équipement des plus sophistiqués. Il possède en effet une centrale de stérilisation unique au niveau de l'Est, d'un véritable plateau chirurgical, d'une large gamme d'imagerie médicale, dont un scanner, un centre de transfusion, des laboratoires d'analyses médicales et pathologiques, d'une pharmacie, etc. Il comporte, par ailleurs, plusieurs services chirurgicaux, comme la chirurgie infantile, viscérale, cardiovasculaire, thoracique et maxillo-faciale. Mais pour gérer ces biens et lancer les autres services tels la neurologie, l'ORL, l'urologie, l'établissement a besoin de 72 spécialistes. A son inauguration, il n'en disposait que de 13, et pour prétendre attirer les autres, on doit au moins leur garantir le logement, mais comme c'est une denrée très rare à Skikda…