Le boom extraordinaire des nouveaux bacheliers risque de poser de sérieux problèmes au département de l'enseignement supérieur. Pour certains enseignants universitaires, le ministère de l'Enseignement supérieur a la fâcheuse habitude de se préoccuper davantage de la gestion des flux que de la qualité de l'enseignement. Le premier responsable du secteur s'en défend. « Notre département veille sur la qualité de l'enseignement dans les établissements universitaires sur l'ensemble du territoire national. Pour preuve, il y aura 20% d'enseignants de rang magistral et même un enseignant algérien (dont il a préféré taire le nom, ndlr), nominé au prix Nobel de physique », a souligné Rachid Harraoubia lors de sa dernière conférence de presse. Il reste néanmoins que le placement des étudiants dans les cités universitaires et la garantie de places pédagogiques aux nouveaux bacheliers constitue le principal tourment des responsables du secteur. M. Harraoubia aime à s'appuyer sur les chiffres pour justifier le bien-fondé de sa politique. Près de 190 000 nouvelles places pédagogiques seront ainsi réceptionnées pour cette rentrée universitaire, au moment où 141 000 places devront être libérées. Ce qui représentera, selon lui, un surplus de places pédagogiques. Pour ce qui est de l'hébergement, l'équation paraît difficile à résoudre. Dans certaines villes, les étudiants occuperont des chambres individuelles. Dans d'autres campus, il y aura jusqu'à quatre étudiants par chambre. « En plus de 70 000 lits qui seront libérés cette année, nous avons réceptionné près de 84 000 lits. D'ici à décembre, nous allons recevoir suffisamment de lits à l'échelle nationale », promet M. Harraoubia. En tout et pour tout, chaque étudiant coûte à l'Etat près de 18,5 millions de centimes. Dans la mesure où l'Etat assure l'hébergement (les étudiants payent 600 DA/an), le transport (130 DA/an) et la restauration (1,20 DA/ticket), le département de l'enseignement « ne voit pas l'intérêt » de revoir à la hausse la bourse universitaire fixée actuellement à 2700 DA par trimestre. « Le coût est autrement plus important quand on sait qu'il faudrait inclure l'amortissement des investissements de l'Etat dans le secteur de l'enseignement supérieur et les prestations de service fournies aux étudiants (enseignement, ouvrages...) », estime M. Harraoubia, en soulignant que le ticket de restauration est resté à 1,20 DA alors que son impression coûte beaucoup plus cher. Les organisations estudiantines ne semblent pas de cet avis. De nombreux remous ont eu lieu dans les campus universitaires autour de cette question. Et il y aura certainement des actions de protestation, d'autant que le pouvoir d'achat ne cesse de se détériorer. Concernant les opérations d'affectation, 141 487 bacheliers (55,74%) ont été affectés vers le système classique (135 244 en cycle long et 6243 en cycle court), alors que 112 336 (44,26%) ont été affectés vers le système LMD (licence-master-doctorat). Mais après avoir eu à réaliser – assez difficilement – l'opération d'orientation des nouveaux bacheliers, le département de Harraoubia va devoir relever le challenge de la rentrée universitaire. Le pourra-t-il ? Rendez-vous dans un mois !