Rien ne va plus pour les experts du climat réunis à Accra, Ghana, jusqu'à mercredi prochain, pour une nouvelle session de discussions sur un traité censé succéder au protocole de Kyoto. En toile de fond de ce troisième et dernier grand rendez-vous avant la conférence ministérielle de Poznan (en Pologne) fin décembre, au cours de laquelle les pays riches devront annoncer la portée de leurs engagements futurs : des nouvelles de plus en plus alarmistes. En particulier pour l'Afrique notamment vulnérable aux dérèglements climatiques et démunie pour y répondre. Une étude néerlandaise récemment publiée dans la revue Geophysical Research Letters révèle que les températures pourraient dépasser les 50°C d'ici la fin du siècle dans de nombreuses régions du globe, dont l'Afrique et le Sahel. Alors que certains experts soulignent la responsabilité du Nigeria et de l'Afrique du Sud, à l'origine de presque 90% des émissions de gaz à effet de serre du continent (l'Algérie est au sixième rang), d'autres rappellent que ces émissions ne sont « en rien comparables aux 150 ans d'émissions de gaz à effet de serre de l'Europe » et que « les pays industrialisés doivent donner l'exemple avant que les pays en voie de développement ne réduisent leurs propres émissions. » Il serait de toute manière déjà trop tard pour les côtes ouest-africaines, qui se verront redessinées sur 4000 km d'ici la fin du siècle par la montée du niveau des océans, menaçant directement les villes de Gambie, du Nigeria, du Burkina Faso et du Ghana. Autre mauvaise nouvelle : la banquise continue de se déliter. Les clichés pris ces dernières semaines par les satellites de la Nasa montrent que deux glaciers géants du Groëland, en phase de désintégration, n'ont jamais été aussi contractés. Pour rappel, la fonte accélérée des glaces de l'Antarctique – plus de 13 000 km2 de banquise ont déjà disparu en 50 ans – pourrait, selon certaines projections, faire monter le niveau des océans de 1,40 m d'ici 2100. Une nouvelle étude de chercheurs américains vient de révéler par ailleurs que d'importantes quantités de CO2 contenues dans les sols gelés de l'Arctique pourraient être relâchées dans l'atmosphère sous l'effet du réchauffement climatique, ce qui pourrait accélérer la fonte du permafrost. Dans la région montagneuse de l'Himalaya, qui abrite la plus grande surface de glaciers du monde, la fonte des glaces, plus rapide qu'ailleurs sur la surface de la terre, et les changements spectaculaires en matière de précipitations, menaceraient, d'après les experts réunis à Stockolm à l'occasion de la semaine internationale de l'eau du 17 au 23 août, l'approvisionnement en eau nécessaire à la subsistance de 1,3 milliard de personnes. « Il faut commencer à agir maintenant, s'inquiète Mohamed Senouci, membre du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat et président de l'Association de la recherche sur le climat et l'environnement, à Oran. Les incidents climatiques qui surviennent tous les jours montrent que les preuves scientifiques ne manquent pas. Tant que les Américains opposeront leur vision ‘‘croissance contre climat'' et voudront entraîner avec eux la Chine, non seulement nous n'avancerons pas, mais la cohésion internationale sera mise en danger. Et la conférence sur le climat prévue à Copenhague en 2009 sera une catastrophe. »