Erigée dans l'urgence, Aïn Naâdja est l'exemple type d'une cité-dortoir qui continue malgré toutes les incohérences constatées dans sa gestion à s'étirer davantage pour contenir au fil du temps le nombre croissant d'habitants. La population de cette cité y a été casée à la suite de catastrophes naturelles et à la faveur des opérations de relogement des habitants des bidonvilles. Un tel cadre de vie ne peut nullement favoriser une quelconque cohésion au sein de la collectivité. La composante humaine est trop hétérogène pour ainsi dire. La qualifier de ville serait aller à l'encontre de toute logique urbanistique ou architecturale. L'agglomération se mue au gré de ces mouvements incessants et finit par ressembler aux gens qui l'habitent, mouvementée la journée et tristounette le soir. Les lumières, qui donnent cette particularité aux grandes villes, sont ici ternes, les enseignes lumineuses rares, les artères quasi-désertes, les boutiques fermées et les transports souvent à l'arrêt. En empruntant cependant l'un des innombrables accès à la cité, l'on se retrouve de plain-pied et sans prélude aucun noyés dans une batterie d'immeubles denses, qui n'inspirent en fait aucune autre sensation si ce n'est l'ennui. En somme, le contraste, qui existe entre l'ancienne ville d'Alger et celles dites nouvelles, est ici plus que frappant. Alger post-indépendance est là, elle s'est étendue et ramifiée à grande échelle à en perdre de sa blancheur. La cité n'offre aucune autre activité pour ses habitants, notamment les jeunes, car l'absence de structures devant les soustraire à la rue font cruellement défaut, dans ces cités « numériques » qui forment la grande agglomération. Pour les habitants, le troisième âge à Aïn Naâdja est synonyme de oisiveté, puisque aucun espace vert, jardin, ou parc digne de ce nom n'a été aménagé. La cohue qui prévaut aux abords des immeubles en raison des jeux ininterrompus des enfants, qui s'adonnent avec frénésie au football et qui plus est sous les balcons des appartements, renseigne sur le manque avéré des structures et autres aménagements devant les prendre en charge. Aïn Naâdja aujourd'hui est une ville morte et sans âme. Elle a besoin qu'on la ressuscite, cela dépend toutefois du bon vouloir des responsables.