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Les règles d'urbanisme bafouées
ANNABA
Publié dans L'Expression le 23 - 11 - 2005


Cet état des lieux fait à présent tache d'huile.
Décidément, le phénomène des extensions illégales a de beaux jours devant lui dans la wilaya d'Annaba, assaillie d'un côté par l'escalade incohérente urbanistique et de l'autre, par les aménagements non autorisés, réalisés surtout au niveau des cités dortoirs.
L'amoncellement de détritus sur les espaces publics est visible à loisir un peu partout au niveau de la commune d'Annaba.
L'installation de clôtures, la construction de jardins au pied des immeubles et la déformation des façades de ces mêmes immeubles construits il y a moins de 20 ans, font à présent tache d'huile et se pratiquent à l'excès, au vu et au su de tous les responsables de la commune, piétinant ainsi la loi sans que les responsables réagissent.
A titre d'exemple, les immeubles de la cité Saf-Saf dont les rez-de-chaussée sont transformés en petits jardins ou en basse-couri et même en enclos où sont élevés des moutons.
Le même état est à constater aussi pour la cité Rym et 8-Mai 1945. Autre exemple décevant, toute la localité de Sidi Salem, outre la déformation des façades des immeubles, vient s'ajouter un décor insalubre qui fait le quotidien de cet endroit. Et la liste reste
longue. La quasi-totalité des habitants des immeubles des différentes cités de la wilaya d'Annaba s'arrogent délibérément le droit d'effectuer des aménagements illicites qui portent atteinte au tissu urbain, foulant aux pieds toute réglementation régissant la propriété publique.
Nous nous sommes déplacés sur certains lieux pour nous renseigner sur ces agissements qui bafouent les textes de loi en vigueur. Il semblerait que ces pratiques extralégales se développent avec le laxisme des autorités compétentes, voire même avec leur bénédiction, selon certains habitants de la cité du 5-Juillet. Preuve en est que plusieurs locataires ayant procédé à des aménagements devant leurs habitations se targuent de la possession d'une autorisation dûment délivrée par les services de l'APC.
D'autres sont allés jusqu'à nous révéler la complicité d'agents des secteurs urbains dont ils dépendent, où la glisse de quelques billets ne fait pas de mal, pour que ces agents ferment l'oeil en cas de pépin. D'autres soi-disant détenteurs d'autorisations, après avoir satisfait quelques redevances fiscales, ne se gênent pas en outrepassant allègrement les dimensions mentionnées par l'administration. Grand nombre d'habitants de ces immeubles massacrés imitent leurs voisins dans ce genre d'agissements irresponsables, en faisant main basse sur les parcelles de terrain contiguës à leurs habitations en y bâtissant carrément des murailles en dur, indisposant ainsi tout le voisinage. A en croire certaines indiscrétions, les soi-disant autorisations d'aménagement attribuées par les services de l'APC, sont bien définies. Elles comportent la clause stricte du respect par les détenteurs quant aux dimensions concédées, mais qui sont exploitées frauduleusement par ces derniers mettant les services de la mairie devant le fait accompli pour la régularisation de ces nouvelles situations.
Mais paradoxalement, même ayant eu vent de ces pratiques illégales, les services de l'APC, au lieu de procéder à la démolition, laissent faire volontairement, ce qui fait d'eux les premiers responsables de ces pratiques dolosives. Il faut dire que les massacres infligés aux immeubles de toute la wilaya sont terribles. On s'interroge sur l'attitude des responsables concernés vis-à-vis de ceux qui ont squatté de larges parcelles en l'absence de tout document administratif ou vis-à-vis de ceux qui ont éliminé balcons et fenêtres et mutilé ainsi les façades d'immeubles sans la moindre gêne. En fait, les uns sont aussi responsables que les autres, car c'est un secret de polichinelle que d'ajouter que la plupart de ces expropriations sont transformées en bicoques de commerce ou en petites cuisines ou pièces. C'est en somme un stratagème cousu de fil blanc, car les subterfuges mis en avant par les contrevenants aux règles de l'aménagement sont d'une ridicule simplicité que d'opérer les travaux dans les tranches horaires favorables, à savoir la nuit, les week-ends et les jours fériés, à l'abri des contrôleurs de l'urbanisme.
Cette situation de dépassement, de comportement et d'incivisme, agresse chaque jour le tissu urbain d'une wilaya, d'une commune ou d'un parc immobilier censé durer dans le temps afin de témoigner de l'identité d'une nation. Aujourd'hui, la situation est telle qu'il y a lieu de tirer la sonnette d'alarme afin d'opérer en urgence cet épineux dossier qui n'a pas fini de somnoler au fond des tiroirs de nos responsables. Il faut aussi dire que ces agressions urbanistiques longtemps passées sous silence, conduisent irrémédiablement à l'implosion du tissu social et favorisent l'émiettement et la déliquescence du cadre de vie de toute la wilaya.


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