La commune de Aïn Naâdja souffre, depuis plusieurs années, de l'anarchie qui caractérise ses cités-dortoirs. La localité de Aïn Naâdja est l'exemple type de l'anarchie urbaine. Des spécialistes emploient l'expression « agrégat hétérogène » et n'admettent pas l'emploi du terme « cité » pour désigner cette localité. « Cet ensemble n'est pas intégré. On peut d'ores et déjà le considérer comme un immense dortoir, pas plus. Les principales fonctions que peuvent assurer les grands ensembles urbains rationnellement conçus y sont inexistantes », fait-on remarquer. Et d'insister : « En considérant les défaillances constatées sur le plan architectural, urbanistique, esthétique et compte tenu d'un aménagement inadéquat de l'espace, un tel cadre de vie ne peut favoriser une cohésion au sein de la collectivité. Sur le plan individuel, il ne peut assurer un épanouissement de la personne. » Une observation effectuée à Aïn Naâdja a été suffisante pour affirmer que la composante humaine est hétérogène. « Tout ce qu'on observe comme inconvénients ne sont que des effets du relogement. On ne peut obliger une personne en provenance d'un milieu rural ou d'un bidonville de se conformer aux règles régissant la vie citadine. Un travail de proximité visant à une intégration est très nécessaire », explique-t-on encore. D'innombrables immeubles implantés ça et là côtoient des résidences individuelles à plusieurs étages, élevées sur des rez-de-chaussée abritant des locaux commerciaux. L'immense cité se prolonge encore, mais ne propose aucun attrait. Sans exception, les voies qui la desservent sont dans un piteux état. Des gravats, provenant des transformations engagées par les occupants des appartements, sont abandonnés au pied des immeubles. Les ordures domestiques jonchent le sol. « Le manque est flagrant concernant les équipements collectifs. Les jeunes ne disposent ni de centre culturel ni d'aires de jeu. Les personnes du 3e âge sont négligées. On n'a même pas pensé à leur aménager un jardin public où elles peuvent se rencontrer », a témoigné un enseignant. Pour cet interlocuteur, la situation n'est guère reluisante. A l'insécurité et aux fléaux sociaux s'ajoutent d'autres désagréments, tels que le manque d'hygiène publique, la promiscuité. « Les cambriolages, les vols de voitures et les agressions y sont fréquents. Les jeunes sont laminés par le chômage et la consommation des stupéfiants. Ils se sentent tellement abandonnés qu'ils se sont appropriés un espace qu'ils nomment Carré Rouge, situé au sein de la cité des 720 Logements », a-t-il précisé. L'on fait remarquer encore que dans les établissements scolaires de ladite cité, les élèves (les garçons) s'identifient aux chefs de bandes. « Tout ce qui relève des activités intellectuelles, artistiques ou culturelles ne les intéresse pas. Ils rêvent d'avoir une force physique identique à celle de leurs fétiches », a-t-il expliqué. Pour sa part, le P/APC de Gué de Constantine, Moussa Arous, a reconnu qu'il y a un manque d'équipements, tout en affirmant que plusieurs réalisations sont prévues pour combler ce vide. « Une polyclinique, une crèche, une bibliothèque et plusieurs autres infrastructures sportives et culturelles sont en cours de réalisation », a-t-il déclaré. Et de conclure : « Tout d'abord, nous concevons qu'il est impératif de préserver ce qui a été réalisé avant d'entamer une étude pour éclairer la situation et recenser les besoins des citoyens. La réalisation se fera en fonction de ces besoins », a-t-il déclaré.