Le chômage récurent qui frappe de plein fouet la daïra d'Aïn El Hammam risque à plus ou moins brève échéance de déboucher sur une situation incontrôlable. Aucune catégorie n'est épargnée. Contrairement aux années précédentes où le manque de travail frappait particulièrement les jeunes, les chômeurs actuels sont de plus en plus âgés, dépassant, parfois la quarantaine. Les offres d'emploi sont nulles alors que des bataillons de jeunes arrivent chaque année, sur le marché du travail. Au bureau de l'Onem, bien que les chiffres des demandeurs soient en inadéquation avec la réalité, ils demeurent élevés. D'ailleurs, peu de jeunes s' y inscrivent, sachant que leurs chances d'être « casés » sont minimes. Le nombre de places offertes par an est insignifiant. Comment peut-il en être autrement lorsqu'on sait que le secteur industriel, seul capable de générer des postes de travail, est quasi nul à Aïn El Hammam. En dehors des particuliers qui offrent de petits boulots de vendeurs ou autres, sous-payés et précaires, il ne reste que les artisans en bâtiment qui ne proposent que quelques postes de manœuvres ou de maçons. Les grands patrons originaires de l'ex-Michelet préfèrent s'installer ailleurs. Du coup les regards se tournent vers les administrations (santé et enseignement, notamment). Celles-ci procèdent à des recrutements sans distinction de commune de résidence. Rien ni personne, ne peut, d'ailleurs, leur imposer de recruter les résidents. Ce qui accroît le courroux et la frustration des jeunes qui se sentent victimes d'une injustice, comparés à leurs camarades des communes limitrophes qui leur disputent les postes dès qu'ils s'en créent. D'autant plus qu'ailleurs, l'industrie est plus présente qu'à Aïn El Hammam. Des indiscrétions nous font part que, lors de l'opération de recensement, le nombre effarant des sans-travail recensés, devrait inquiéter les autorités. L'opération en cours, (PID PAIS), initiée par l'Etat, en faveur des jeunes chômeurs, connaît une affluence record, mettant ainsi à nu toute l'étendue du mal. Il en ressort que la daïra d'Aïn El Hammam a reçu les inscriptions de près de 500 universitaires. Quant aux « sans niveaux », c'est par centaines qu'ils s'inscrivent, au niveau du bureau communal, ouvert pour les besoins. L'opération n'en est qu'à ses débuts. Lorsque l'on sait que ceux qui ont bénéficié de l'IAIG, tout autant que ceux qui dépassent la trentaine, ne sont pas concernés, donc non comptabilisés, on se rend compte alors, de la gravité de la situation. Le vrai chiffre nous est donné par l'image que nous offrent les rues. Celles-ci ne désemplissent pas à longueur de journées et les moindres recoins sont squattés par ces nouveaux « hittistes » qui ruminent leur malvie. Adossés aux murs, le regard évasif, ils rêvent d'évasion, de « harga » ou peut-être d'autre chose. La drogue n'est pas loin, les vols et agressions ne sont pas à exclure lorsqu'on est jeune, oisif et sans espoir. La « bombe » doit être désamorcée avant qu'une étincelle ne vienne allumer la mèche, comme dans de nombreuses autres régions.