Pas moins de 5 300 universitaires traînent dans les cafés en attendant un éventuel emploi. La population active ne représente que 42% sur les 420 000 habitants de la région. La wilaya d'El Tarf est affectée par une crise de chômage sans précédent. Une crise qui ne cesse de faire couler beaucoup d'encre. Selon les statistiques qui nous sont fournies, la frange de citoyens la plus touchée par ce phénomène, devenu endémique vu le manque d'initiatives, est celle des jeunes de moins de 30 ans. Pourtant, la wilaya dispose de nombreuses opportunités de postes d'emploi pour les jeunes. La population de cette wilaya est estimée, selon les statistiques de 2003, à 420 000 âmes, la population active ne représente que 42%. Plusieurs jeunes, âgés entre 18 et 45 ans, occupent un travail informel. Le taux de chômage qui frappe les jeunes à El Tarf est alarmant à plus d'un titre, il n'a épargné aucune catégorie ni couche sociale. Les étudiants ayant achevé leurs études universitaires sont voués au chômage, les plus chanceux d'entre eux auront une place dans ce qu'on appelle le pré-emploi. Un travail qui ne dépassera pas les deux ans, selon la réglementation en vigueur. Le sujet ainsi concerné a peu de chance de se voir recruter définitivement. Cette situation a fait dire à certains que l'université algérienne produit uniquement des chômeurs potentiels. Les statistiques sont là pour le prouver. À El Tarf, il y a plus de 5 300 universitaires au chômage. Bien au contraire, plusieurs verront leur contrat résilier au début du mois d'avril prochain. Interrogés à ce sujet, un groupe d'étudiants nous dira, sans hésiter, que l'université, en l'absence d'une politique d'emploi, d'une gestion rationnelle de toutes ces potentialités, risque de voir des étudiants quitter les bancs prématurément en optant pour une formation professionnelle. La direction de l'emploi semble, pour le présent, dépassée par ce problème qui se pose dans toute son acuité non pas par manque de volonté mais par absence quasi totale d'opportunité de postes d'emploi. Les attributions de quotas se font parcimonieusement. Même le quota d'insertion, initié par le gouvernement, de 15% accordé dans le cadre du pré-emploi n'est pas respecté par les officiels. La vacance d'un poste est attribuée non en fonction de paramètres fiables mais d'affinités. Plusieurs autres sortes de paramètres entrent en jeu, enchaîne un jeune à la recherche d'un emploi depuis 2000, en dépit de ses diplômes. “Il m'est arrivé, dit-il, de m'inscrire dans un centre de formation pour décrocher un autre diplôme dans le but, justement, de pouvoir multiplier mes chances, mais en vain.” Chaque année, de nouveaux chômeurs viennent allonger les listes déjà très longues. Il est vrai qu'à El Tarf, ce phénomène de société a engendré des fléaux sociaux ayant eu de lourdes conséquences. Le taux de criminalité aurait doublé, selon les statistiques, comparativement aux précédentes années. Par ailleurs, l'on apprend par l'intermédiaire de nos interlocuteurs que ce phénomène s'explique en partie par la fermeture des entreprises publiques et l'absence d'investissement créateur de richesses et d'emplois. Les jeunes de cette wilaya de l'arrière pays ayant des richesses aquatiques, agricoles et touristiques indéniables sont livrés à eux-mêmes. Selon la délégation de l'emploi des jeunes, le quota dont avait bénéficié la wilaya est loin de répondre aux exigences de la population inactive. Le programme élaboré par l'Etat dans le cadre du soutien à la relance économique n'a pas atténué cette crise. “Les entrepreneurs ayant bénéficié des projets dans le cadre des différentes soumissions sont avares en matière de recrutement de cadres ou d'ouvriers spécialisés”, dira un responsable. A El Tarf, malgré les opportunités d'investissements et les privilèges qui leur sont accordés pour participer au développement durable de cette wilaya, les investisseurs ne se bousculent pas aux portillons. Tahar BoudjemAâ