Le beau temps s'est mis de la partie au Lido de Venise pour les premiers jours de la Mostra, cette année dédiée à Youcef Chahine avec la présentation de Bab El Hadid (Gare Centrale) dans le Grand palais du festival. Venise (Italie) De notre envoyé spécial La Mostra 2008, dont le jury est présidé par Wim Wenders, renoue avec la recherche de nouveaux auteurs. C'est ainsi qu'en compagnie du Turc Ferzan Ozpetek, de l'Iranien Amir Naderi ou du Russe Aleksei German junior, on retrouve en compétition l'Algérien Tariq Teguia avec Gabbla, le nouveau film qu'il vient de tourner dans les steppes de l'ouest du pays. Chose inédite à Venise où seuls Assia Djebar et Brahim Tsaki ont présenté leurs films hors compétition. Teguia avait montré déjà Roma ici dans la section « horizonsé » il y a deux an. Hasard malheureux de la programmation, Gabbla sera montré à la fin de la Mostra, mais je serai déjà parti pour le festival de Toronto dont les dates se chevauchent... En attendant, Marco Muller, directeur de la Mostra, dit le plus grand bien de Gabbla et de Teguia qu'il présente comme « la nouvelle voie du cinéma arabe ». Le drapeau algérien flotte sur le Lido de Venise sous un ciel d'azur et c'est déjà bien parti pour les 21 films de la compétition. L'épais catalogue donné à la presse nous indique que Gabbla est une histoire algérienne sur les sombres soubresauts qu'a connus notre pays, écrite par les deux frères Teguia et réunissant les acteurs Abdelkader Affak, Ahmed Benaissa, Ines Rose Djakou, Fethi Gharès, Kouider Medjahed et Djalila Kadi Hanafi. L'histoire tourne autour d'un topographe appelé dans l'Ouest, une région encore marquée par les relents de la violence terroriste. Sujet fort, avec une variante sur le périple des jeunes d'Afrique à travers le Sahara. Verrai-je Gabbla au Festival de Toronto ? Tout est possible tant les films suivent le même circuit parfois. En attendant, la 65e Mostra présente un programme de haut niveau : Oliveira, Kiarostami, Olmi,Kitano, Varda… On peut aussi revoir les films de Pier Paolo Pasolini ou de Vittorio de Sica. Un programme conforme aux goûts pointus du cinéphile et patron de la Mostra, Marco Muller, qui a signé un texte émouvant en hommage à Youssef Chahine. Spectaculaire retour au cinéma de l'Ethiopien Hailé Gérima. Son film en compétition, Teza, raconte les temps durs de Haile Mariam Menngistu, dictateur féroce d'une Ethiopie ravagée par la misère et la répression. Le film mythique de Gérima, Moisson 2000 ans, a tant de fois été monté à la Cinémathèque d'Alger. En Italie, en dépit de Berlusconi, on sent tout de même une grande exaltation culturelle et artistique. Des mouvements, des groupes culturels, des institutions comme la Biennale de Venise sont branchés sur la création, sur des projets pertinents et vivants. On a posé la première pierre d'un super-palais du festival qui sera achevé en 2011.