Le Festival de la poésie amazighe a pris fin vendredi dernier, à Timizart, dans la wilaya de Tizi Ouzou, avec à la clef, la remise des prix aux lauréats du concours. Cette année, la sixième édition de ce rendez-vous a été dédiée à Lounès Matoub. Kahine Silem s'est distingué de fort belle manière en remportant la première place de ces joutes. La maison de jeunes du chef-lieu de la commune de Timizart, a abrité du 17 au 22 août, les journées poétiques amazighes Youcef Oukaci et Si Mohand Ou M'hand, en hommage au chantre de la chanson kabyle, Lounès Matoub. L'ouverture officielle de cette manifestation culturelle, devenue tradition dans la région d'Ath Djennad, a réuni plus de 150 participants (des associations culturelles, des troupes théâtrales…), venus de différentes wilayas du pays, notamment de Bouira, Boumerdès, Béjaïa, Sétif et Oran. Ont honoré également le festival de leur présence, des hommes de culture, la mère et la sœur de Matoub, et des membres de la fondation qui porte le nom de celui-ci, des élus locaux, des délégués du mouvement citoyen (CADC) et de nombreux autres invités de différentes régions. Ce festival a regroupé ainsi quelque 70 poètes d'expression kabyle. Les résultats proclamés à l'issue de ce rendez-vous ont vu la suprématie du poète Kahine Silem qui a remporté le premier prix. Touil Ahmed s'est adjugé la seconde place, tandis que la troisième loge est revenue à Samir Haliche. D'autre part, des prix parallèles ont été décernés aux autres participants, à l'image du prix Matoub Lounès obtenu par Bahia Mohamedi et celui de Fathma Ath Mansour décroché par Taous Aït Sid. La déception, l'amour, l'identité, sont les thèmes dominants dans les poèmes déclamés par les versificateurs qui, selon un des membres du jury, en l'occurrence M. Aït Slimane, commencent à émerger dans le domaine. « Certains poètes et poétesses arrivent quand même à s'affirmer en donnant une nouvelle tonalité à leurs œuvres poétiques. Ce qui prouve qu'avec plus d'amour et beaucoup de générosité, on arrive à produire de belles œuvres. » Lors de leurs allocutions, l'hôte du festival, Nna Aldjia, mère du rebelle, le maire de Timizart, les membres du comité d'organisation et le directeur de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, ont tour à tour, insisté sur la dimension symbolique de l'événement culturel. « Je suis très émue de constater que les citoyens d'Ath Djennad s'attachent au combat de mon fils Lounès », déclare Nna Aldjia, avant d'afficher sa volonté de suivre l'affaire de l'assassinat du chanteur. Le président de l'association culturelle Youcef Oukaci et président du festival, Abdellah Arkoub, affirme que tout a été préparé pour le bon déroulement du festival dont la première édition remonte à 2003. « Nous avons décidé de dédier ces journées culturelles à Matoub Lounès à l'occasion du 10e anniversaire de son assassinat. Nous souhaitons faire de ce festival un événement national », a-t-il laissé entendre. Le directeur de la culture, Ould Ali El Hadi, s'estime heureux du fait qu'à sa 6e édition, le festival, dont plusieurs poètes qui n'étaient, naguère seulement, que de simples participants, figurent parmi les membres du jury aujourd'hui. Cela, estime-t-il, n'est que le fruit d'un travail de longue haleine qui est en train de se faire, afin de contribuer à la promotion de la poésie amazighe. « L'Etat ne cesse d'octroyer plus de moyens pour rehausser la culture et lui donner sa juste valeur », ajoute le directeur de la culture. Des soirées théâtrales ont également charmé le programme d'animation tracé par le comité d'organisation. Entre autres, Yettwakhdeâ di laman, pièce présentée par l'association culturelle Assirem de Larbâa Nath Irathen, a ému le public nombreux qui l'a suivie les cheveux dressés. Présenté par dix éléments, ce spectacle qui a eu un grand palmarès, se veut un message de sensibilisation contre le sida. Des conférences sont aussi de la partie des festivités. Outre le Dr Djellaoui, enseignant universitaire,qui intervient sur le thème « Poésie kabyle entre tradition et modernité » Abdenour Abdeslam, auteur d'ouvrages en tamazight, a présenté la communication intitulée : Yella wawal d wawal. Le journaliste écrivain, Mohamed Ghobrini, a évoqué, pour sa part, la thématique Youcef Oukaci, le cavalier poète. Malika Matoub et Yella Sediki ont revisité, au cours d'une conférence, le parcours et l'œuvre du rebelle.