Les scientifiques rassemblés à Montpellier dans le cadre du XIIIe congrès mondial de l'eau qui se poursuit jusqu'au 4 septembre se soucient particulièrement des différentes pressions exercées sur l'agriculture et l'eau agricole. Montpellier (France) : De notre envoyé spécial Les efforts consentis dans divers travaux de recherches trouvent des difficultés à être répercutés sur le terrain. Alors que la quantité des connaissances scientifiques en gestion des ressources naturelles ne cesse d'augmenter, l'application de ces connaissances et des principes de gestion durable piétine. « Selon notre analyse, un obstacle majeur de l'assimilation et de l'application de connaissances nouvelles tient à la sensation de marginalisation socioculturelle des populations paysannes, marginalisation qui limite fortement leur réceptivité et freine d'autant le renforcement des capacités », relève Claire Gout, ingénieur en agronomie tropicale, spécialisée en gestion sociale de l'eau. Elle a fait partie d'une équipe de scientifiques qui a mis en œuvre un programme intégral de vulgarisation dans le bassin hydrographique du fleuve Jequetepeque au Pérou. Un manuel de gestion intégrale de l'eau agricole a été conçu et mis à la disposition des agriculteurs. L'intérêt est aussi à porter aux agricultures maghrébins. Sami Bouarfa, diplômé de l'école polytechnique d'El Harrach, est chercheur au centre de recherche français, Cemagref. Il travaille sur le projet du système d'irrigation au Maghreb, SIRMA. Des économies en agriculture Un projet de recherche sur les économies d'eau en agriculture dans les trois pays maghrébins, Algérie, Maroc et Tunisie, financé par le ministère des Affaires étrangères français et qui trouve en Algérie la coopération de l'INA d'Alger. « L'idée de ce projet c'est de construire un réseau de chercheurs maghrébins qui travaillent sur ces questions d'économie d'eau agricole, les problèmes dans ces pays présentent de fortes similarités », nous dit-il. Une grande partie de la ressource est attribuée à l'agriculture dans ces pays, contrairement aux pays européens. Reconversion des techniques d'irrigation Il est établi que le développement démographique réduira cette part pour satisfaire des besoins et des usages croissants. L'agriculture sera appelée à faire des économies. « Le projet s'intéresse à ces questions et on développe différentes thématiques liées à ces dernières. On travaille sur des problèmes de salinisation, sur la gestion de l'eau où on conjugue utilisation des réseaux collectifs d'irrigation et prélèvements individuels dans la nappe, prélèvements qui ne sont pas toujours autorisés légalement, mais que les agriculteurs pratiquent », explique M. Bouarfa. Le problème de la salinisation des sols qui a atteint aujourd'hui 80% chez nous pénalise le dynamisme agricole. Les chercheurs, qui interviennent dans la Mitidja et la région de Chlef pour le cas de l'Algérie, dans le cadre du Sirma, travaillent aussi sur la façon de pouvoir établir des règles de gestion commune autour de ces prélèvements et sur les performances techniques, économiques et environnementales des exploitations agricoles. L'équipe réfléchit aussi à la reconversion des techniques d'irrigation qui permettent de passer des techniques traditionnelles d'irrigation aux techniques plus modernes. L'objectif étant d'économiser de l'eau. C'est en ce sens qu'est encouragé l'utilisation du goutte-à-goutte. Au Maghreb, cette technique « n'est pas utilisée de manière optimale », considère M. Bouarfa convaincu de la nécessité « de développer la confiance avec les agriculteurs pour pouvoir comprendre leurs problèmes et les aider à les résoudre ».