Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a annoncé hier dans le sillage des réformes du système éducatif un train de mesures pour la prochaine rentrée scolaire. Ces mesures visent selon ses concepteurs à alléger les programmes d'enseignement par une réduction du volume horaire des cours. Le département de M. Benbouzid qui a été fortement secoué par une grève des lycéens et des enseignants durant l'année scolaire écoulée semble avoir tiré les enseignements de la grogne de la famille de l'éducation et reconnu le bien-fondé des revendications pédagogiques des enseignants et des élèves. Pour calmer les esprits, le ministère de l'Education avait pris, on s'en souvient, au milieu de l'année scolaire écoulée, la décision de limiter les sujets d'examen du baccalauréat aux programmes et cours dispensés durant l'année scolaire. Une mesure qui avait été accueillie avec soulagement par les élèves et leurs parents. Les changements pédagogiques préconisés pour la nouvelle année scolaire ciblent aussi bien l'élève que le corps enseignant. Les élèves seront soulagés des programmes surchargés et touffus de l'ancien système qui a transformé le cursus scolaire en un véritable parcours du combattant où la pédagogie du bourrage de crâne était à l'honneur. Le week-end complet, du jeudi au vendredi qui est désormais consacré dans les nouvelles réformes du système scolaire reprend donc avec cette mesure tout son sens, au grand bonheur des élèves qui pourront ainsi mettre à profit ces journées de repos pour leurs révisions habituelles et pour d'adonner à des activités culturelles et sportives. Pour les enseignants, cette nouvelle journée de repos sera utilisée pour des cycles de formation pédagogiques. L'expérience du terrain nous dira si ces innovations pédagogiques vont dans le bon sens, celui de l'amélioration de la performance du système éducatif. La massification de l'enseignement a conduit à sacrifier la qualité et le niveau de l'enseignement à la quantité, au mirage des chiffres et des statistiques faussement glorifiant sur le taux de scolarisation en Algérie. Mais d'ores et déjà, cette nouvelle rentrée scolaire que l'on présente officiellement sous de bons auspices laisse un goût d'inachevé et sceptiques de nombreux observateurs qui s'interrogent sur la fiabilité des mesures prises dans la mesure où l'élément moteur qui devrait guider ces réformes : l'environnement de l'enseignant et l'amélioration de ses conditions pédagogiques et sociales sont occultés du débat. Le dialogue entre les syndicats autonomes de l'éducation et le gouvernement sur la question pendante de la grille des salaires des enseignants est au plus mal avec les interpellations et les poursuites judiciaires engagées à l'encontre des responsables syndicaux. De la même façon, la surcharge des salles de classe qui accueillent jusqu'à 40 élèves et plus est là pour rappeler aux responsables du secteur et aux décideurs que la réforme, pour réussir et produire les effets positifs escomptés, doit être réfléchie et menée dans sa globalité. En dépit des moyens financiers et de réalisation dont dispose aujourd'hui le pays et qui aurait dû inciter l'Etat à lancer un véritable plan Marshall en la matière, le déficit des infrastructures scolaires ne fait que s'accentuer d'année en année face à une demande en constante évolution.