Pour le seul mois de juin, la Protection civile a repêché 8 corps de personnes noyées sur les plages algéroises. Pourtant, durant toute la saison 2003, le nombre de victimes n'a pas dépassé les 6 personnes. Explication : « Les victimes sont enregistrées au niveau des plages interdites à la baignade. Cela prouve que les gens ne tiennent pas compte des dangers que peuvent représenter ces endroits sur leur vie. Parfois, des familles entières se rendent sur ces plages », dira-t-on à la direction régionale de la Protection civile. Cette année, la wilaya d'Alger a, dans un arrêté daté du 26 mai 2004, interdit à la baignade 38 plages. L'année dernière, elles étaient 36. La pollution marine gagne davantage les côtes, et là on risque, dans l'avenir, d'interdire la grande partie de nos plages aux estivants. C'est sans doute ce qui pousse une grande partie des citoyens les plus démunis d'entre eux à choisir des vacances peu coûteuses au détriment de leur vie. Faut rappeler que certaines plages restent le monopole des riches alors que les piscines ne sont pas accessibles au commun des mortels ? Faisant face aux noyades, la Protection civile a recruté, en plus des effectifs déjà existants sur les 35 postes de contrôle, 200 saisonniers pour assurer une meilleure protection des estivants. En outre, trois unités marines qui travaillent habituellement à longueur d'année viennent renforcer le dispositif. En fait, explique-t-on à la direction régionale, « nous avons mobilisé le même effectif que l'année passée. Mais quand ça sera nécessaire, nous renforcerons nos équipes. » Pour le moment, indique-t-on, « les moyens mis en place suffisent largement ». Insouciance et négligence Chaque année, le constat est le même, sinon pire que les années précédentes. Les plages algéroises sont livrées à l'abandon alors qu'elles étaient dans le passé des endroits exotiques. Les rejets ménagers et industriels directement dans la mer ont fini par affecter la majorité des plages. Et à défaut de remédier définitivement à la question les autorités ne font qu'interdire, chaque année, de nouvelles plages à la baignade. L'exemple de la plage des Dunes dans la commune de Chéraga est à ce titre édifiant. Avec tous les rejets quotidiens, les citoyens continuent d'affluer vers cette plage. C'est le cas aussi de la plage de Bateau Cassé dans la commune de Bordj El Kiffan où les eaux non seulement ont changé de couleur mais elles dégagent des odeurs nauséabondes. Pourtant des citoyens s'y baignent naturellement. Les plaques d'interdiction ne suffisent plus à empêcher les gens de se rendre sur les plages polluées. Il faudra apparemment mettre en place un dispositif de contrôle pour éviter d'atteindre le pic des morts durant cette saison estivale.