L'Amérique a commémoré, jeudi, le septième anniversaire des attentats qui l'avaient visée le 11 septembre 2001, causant des milliers de victimes et un réel traumatisme. A cette occasion, les candidats à la Maison-Blanche, Barack Obama et John McCain ont observé une trêve. « Aujourd'hui, nous commémorons une journée où le monde s'est brisé », a déclaré le maire de New York, Michael Bloomberg. Barack Obama a, quant à lui, rappelé que « les terroristes responsables des attaques du 11 septembre sont toujours libres et doivent être traduits devant la justice ». « Décidons de vaincre les réseaux terroristes, de défendre la patrie américaine (...) et de chercher un nouvel élan de liberté chez nous et à travers le monde », a encore déclaré M. Obama.Cela fait effectivement presque autant d'années que l'Amérique, soutenue par les contingents de nombreux pays, mène ce que le président Bush avait appelé la guerre contre le terrorisme, un principe largement soutenu face à un fléau qui a pris des dimensions internationales, mais qui laisse aujourd'hui dubitatif pour ne pas dire franchement sceptique. Pourquoi, dit-on souvent, ne pas aller directement aux causes du terrorisme, c'est-à-dire éviter que des populations soient envahies par le désespoir et on n'hésite pas pour cela à citer le cas du peuple palestinien qui fait face à l'occupant israélien fort de complicités internationales ? Ou encore la guerre imposée à l'Irak pour des raisons fausses, comme la possession d'ADM (armes de destruction massive). En fait les questions de cette nature ne manquent pas. A cela et comme s'il agissait pour les Etats-Unis d'ouvrir un nouveau front, ou plus simplement d'opérer un redéploiement à l'échelle planétaire, vient s'ajouter la crise du Caucase dont beaucoup ont du mal à cerner les véritables causes, sauf bien entendu à s'en tenir à une simple querelle de voisinage opposant la Russie et les anciennes républiques de la défunte URSS. Sauf que cette fois, les choses s'imbriquent pout atterrir dans des silos devant abriter des missiles anti-missile. Dans leur argumentaire, les Etats-Unis indiquent qu'un tel dispositif est déployé pour faire face à ce qu'ils appellent les Etats voyous, ce que la Russie conteste avec énergie. Et son chef des forces stratégiques a enfoncé le clou en affirmant que les sites qui accueilleront des éléments du bouclier antimissile américain en Pologne, République tchèque ou ailleurs pourront devenir la cible de missiles intercontinentaux russes. « Je ne peux pas exclure (...) que soient choisis pour cible pour une partie de nos missiles intercontinentaux les sites du bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque et des sites similaires potentiels », a déclaré le général Nikolaï Solovtsov. La Russie a effectué, fin août, avec succès un essai de missile Topol, capable de déjouer une défense antimissile, dans un nouveau défi aux Américains et à leur projet d'installer des éléments de leur bouclier antimissile en Europe de l'Est. M. Solovtsov a précisé que d'ici la fin de l'année, la Russie prévoyait de mener quatre tests de missiles stratégiques, dont un test du nouveau missile RS-24, capable de porter plusieurs têtes. Les nouvelles déclarations d'un haut responsable militaire à ce sujet, mercredi, interviennent dans un contexte d'aggravation des tensions russo-américaines après le conflit russo-géorgien du mois d'août. Equilibre rompu Les Etats-Unis ont rompu l'équilibre militaire avec la Russie en décidant d'installer en Pologne des éléments de leur bouclier antimissile, a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, à la veille d'une visite à Varsovie. « La Pologne n'a sans doute pas compris qu'elle est devenue l'élément d'un jeu très dangereux. L'équilibre entre potentiels militaires de Washington et de Moscou a été rompu, par la faute des Etats-Unis », a affirmé M. Lavrov, dans une interview au quotidien polonais Polska. La visite de M. Lavrov est la première d'un haut responsable russe dans un pays de l'Union européenne depuis le conflit du mois d'août entre la Russie et la Géorgie. C'est dans un tel contexte ressemblant en tous points à celui de la guerre froide que cet anniversaire a été commémoré. Un contexte qui sera marqué par des questionnements du genre : pourquoi cette crise et maintenant ? Est-elle réelle ou simulée ? car elle détourne l'attention sur deux guerres que beaucoup croyaient de courte durée. Celles-ci durent, elles coûtent énormément en vies humaines et en destructions, menaçant même l'équilibre mondial. Mais la menace semble s'être déplacée, et la crise actuelle occulte en tout état de cause le message porté par l'après 11 septembre.