Pour des raisons évidentes, liées à l'absence de volonté, des superficies importantes ne sont plus exploitées par les petits agriculteurs et autres arboriculteurs. C'est en dévalant la route pentue que nous filons droit vers la petite localité d'El Ançor, où l'on aborde les maquis en lisière typiques des petits villages de pêcheurs. À El Ançor, peu exubérante en période hivernale, même les paysages délicats et les scènes des oiseaux migrateurs que révèlent la zone montagneuse et les dépressions sont empreints de gravité. Malgré les handicaps liés à l'enclavement et au relief accidenté de son territoire, El Ançor est avant tout une localité à vocation piscicole qui veut sortir de l'oubli. Avec des projets ambitieux et son architecture prématurément vieillie, El Ançor reste marquée par son destin de village à l'orée de la mer. Certes, de nouvelles habitations ont été édifiées par les “fils” d'El Ançor exilés en France et ailleurs pour loger leurs proches des vieilles demeures à l'emplacement desquelles sont implantés des parkings et des terrains de football. Mais en vérité, El Ançor (la source), située en un point particulièrement stratégique en bordure du complexe des Andalouses et d'Aïn El Turck, est avant tout un nœud de communication maritime et terrestre à une quinzaine de kilomètres au sud d'Oran. Les habitants d'El Ançor voient la beauté du site dépérir comme peau de chagrin. En effet, vue de près, l'abandon à outrance de cette paisible localité a fini par provoquer des disparités parmi la population dont une majorité a préféré plier bagage. Pour des raisons évidentes liées à l'absence de volonté, des superficies importantes ne sont plus exploitées par les petits agriculteurs. Ainsi, sur une quarantaine de fellahs qui exploitaient les jardins potagers, seuls quinze maraîchers ont pu s'accrocher à leurs modestes exploitations. À côté de ces extrêmes, le chômage, qui touche de plein fouet 70% des jeunes, n'est pas fait pour arranger les choses. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la petite localité d'El Ançor ne profite pas de la manne touristique des complexes et des hôtels de tourisme. Hormis un dérisoire budget de fonctionnement, El Ançor fait piètre figure devant les communes d'Aïn El Turck et de Mers El Kébir qui engrangent les bénéfices et les rentrées d'argent du secteur de tourisme. “Nous demandons seulement la prise en charge de nos problèmes sociaux et la valorisation de notre patrimoine balnéaire et touristique qui suffiraient à faire vivre largement la commune”, affirment les habitants rencontrés sur place. Selon eux, une partie de la localité est anarchiquement exploitée par une poignée d'opportunistes qui “n'ont cure de la situation socioéconomique d'El Ançor”. Même l'exploitation des plages rocailleuses du littoral est assiégée par des masses de remblai et de déchets durant la période estivale. Les habitants lorgnent les potentiels investisseurs pour faire prospérer le tourisme balnéaire dont la beauté du site marin et montagneux est incomparable. Mais si 40% de la population semble vivre de la pêche, 60% des habitants aspirent à vivre du secteur du tourisme. L'inexistence de structures d'accueil comme les hôtels ou les complexes dénaturent le sens même du cachet de cette coquette commune qui reste, malgré tout, une localité côtière par excellence. “Les rares investisseurs qui daignent mettre leur argent dans des projets touristiques se rétractent devant l'absence de viabilisation et les lenteurs administratives”, déplorent des jeunes chômeurs. À présent, leurs yeux sont rivés sur le projet de l'abri de pêche attendu par les pêcheurs qui n'auront plus à pêcher à Oran ou à Arzew. Devenue commune à la faveur du découpage de 1985, El Ançor est aussi réputée pour la fraîcheur de son eau potable, de la tendreté de ses poissons et de la saveur de ses maraîchages et des ses fruits. L'espoir renaîtra sans doute après la concrétisation de projet touristique au profit des jeunes chômeurs qui ne peuvent aller en mer faute du précieux fascicule qui ouvre la voie maritime aux embarcations de pêche de fortune. K. REGUIEG-YSSAAD